jeudi 28 février 2008

Municipales: Gilles Launay en interview, tête de liste de Agir pour Bernay


Gilles Launay et la liste Agir pour Bernay ont répondu à mes questions (je les en remercie). Cette interview complète les réponses de Pierre Jalet. Cette interview s'inscrit dans le débat public que Réaction à Show a voulu recréer virtuellement depuis le début de la campagne électorale.


Comment envisagez vous la démocratie participative dans une ville comme Bernay?
La démocratie participative est au cœur de notre projet pour remettre les citoyens au cœur de la politique de la ville. Elle prendra plusieurs formes : conseils de quartiers, comité des fêtes, office du sport, office de la culture. Autant de ressources pour dynamiser les initiatives et les faire connaître au plus grand nombre.
Redonner la parole aux bernayens pour qu’ils s’expriment sur les grands projets structurants de la ville. Référendum et consultation publique seront là pour y veiller. En continuité des initiatives de référendum sur la halle Sainte-Croix et pour le maintient du commissariat.
Un conseil municipal des jeunes est il envisageable? Quelle sera son influence sur les questions municipales?
Parce qu’ils sont les mieux placés pour parler de leurs Envies d’Agir. Parce qu’ils sont porteurs de projets. Parce qu’ils s’impliquent (à la MJC notamment) ou veulent s’impliquer dans des actions comme le bénévolat, la citoyenneté. Parce qu’ils sont l’avenir de notre ville. Il faut donner une vraie place citoyenne à nos jeunes.

Comment envisagez vous la gouvernance de Bernay si au lendemain du second tour vous n'êtes pas en mesure d'obtenir une majorité avec vos seuls colistiers?
Dans une démocratie, il y a toujours une majorité et une opposition. L’une gouverne, l’autre contrôle. L’une décide, l’autre amende. Bref, ce sont deux fonctions qui pourraient apparaître contradictoires mais qui concourent à un exercice du pouvoir dans la clarté. Imaginez un pays, une région, un département, une grande ville sans opposition, cela voudrait dire que l’exécutif disposerait de tous les pouvoirs sans moyens de contrôle. Cela ne s’appelle plus alors démocratie et je ne peux pas l’envisager une seconde.

La politique bernayenne doit elle le fruit du projet de la majorité ou bien résulter d'un consensus avec l'opposition?
Une élection est certes gagnée par des femmes et des hommes mais sur la base d’un programme. Cela veut dire que si les candidats sont élus, leur programme a été validé par les électeurs. Dès lors, il est normal et naturel que la majorité exécute son programme et tienne ses engagements. L’opposition aura alors tout loisir de dire ce qu’elle pense, ce qu’elle approuve ou ce qu’elle rejette.
Etes vous favorable à la création de conseils de quartiers dirigé par les habitants eux même et qui se substituerai aux réunions de quartier?
C’est un des engagements de la liste agir pour Bernay que j’ai l’honneur de conduire. Le conseil de quartier sera le lieu où les échanges, les discussions se dérouleront pour faire naître les propositions concernant le quartier.

Les maires de la région de Clamecy ont décidé de boycotter les élections municipales en raison des menaces qui planent sur la maternité. Auriez vous été capable d'un tel geste de protestation?
Boycotter une élection municipale veut dire que la commune est placée sous tutelle préfectorale. C’est donc le représentant de l’Etat qui devient l’exécutif de la commune. Il est donc paradoxal de confier les clés d’une mairie à l’Etat alors même que les raisons qui ont présidé au boycott sont le fruit d’une décision de l’Etat. Je préfère nettement le combat ou des actions spectaculaires face à des décisions de ce type.

La visite de Xavier Bertrand en 2007, nous a prouvé que les collectivités territoriales et l'agence regionale hospitalière n'avançaient pas avec les mêmes priorités. Comment comptez vous faire contre poids face aux décisions de l'ARH?
La loi a conféré aux Agences Régionale Hospitalière (ARH) l’organisation des territoires en matière de santé. Sauf à changer la loi, ce qui relève du parlement, l’ARH et son directeur sont donc les décideurs en matière d’organisation sanitaire. Les élus ont eux une vision très particulière de l’organisation sanitaire très souvent limitées à leur territoire d’élection. Pour être crédibles, les élus doivent donc s’appuyer sur des éléments statistiques, géographiques, démographiques pour entamer la discussion. Lorsque je suis allé avec Lionel Prévost, Conseiller Général, discuter avec l’ARH pour obtenir les crédits nécessaires à la construction de la maternité nous avions ce type d’arguments. Lorsque nous sommes retournés pour demander un scanner, nous disposions d’autres arguments…Bref, l’ARH est une administration, comme l’est une préfecture, il faut donc argumenter, négocier, convaincre et disposer de la légitimité des urnes, autrement dit du peuple.

Comment envisagez vous les relations avec Pont-Audemer, seconde ville de la circonscription?
Pont-Audemer est gérée par mon ami Jean-Louis Destans. Hormis les spécificités de chaque ville qui nécessitent des décisions spécifiques, Bernay et Pont-Audemer ont vocation à développer des complémentarités à l’ouest de l’Eure. Mais Bernay reste chef lieu d’arrondissement et en tire, administrativement, bénéfice et normalement dynamisme. Souvent Bernay la bourgeoise a été opposée à Pont-Audemer l’ouvrière. Aujourd’hui, le dynamisme de Pont-Audemer est reconnu. Bernay est un peu plus à la traîne Alors changeons de municipalité, à Bernay pour rattraper le retard !

Quelle place accordez vous au Pays Risle Charentonne?
Le pays Risle-Charentonne est né des lois « Voynet » relative à l’aménagement du territoire. L’idée était de définir les problématiques à un échelon territorial plus large que le seul territoire communal. Les régions naturelles (Pays d’Ouche, Lieuvin, Pays d’Auge, plateau du Neubourg…) devenaient alors le territoire de référence. L’organisation administrative de notre pays a eu raison de cette grande idée. Les pays, maintenant, regroupent des communes et des communautés de communes qui ressemblent plus à un amalgame qu’à une réelle identité. Bref, les choses sont ainsi. Le pays Risle Charentonne existe et son équipe est dynamique. Il est devenu le portail d’entrée aux politiques territoriales de la Région et du Conseil Général. C’est donc un partenaire privilégié pour les communes du pays. Avec la définition des Schémas de Cohérence et d’Organisation Territorial (SCOT) qui sont ni plus ni moins que des « super » plans d’occupation du territoire du pays, on revient, peu à peu, à l’idée de départ voulue par Mme Voynet.

En cas de victoire postulerez vous personnellement à la présidence de la communauté de commune de Bernay et ses environs ou bien proposerez vous quelqu'un d'autre? Ces deux activités vous semblent elles compatibles au vue de la charge horaire que requiert le poste de maire?
Oui. En effet, une communauté de communes exerce des compétences par délégation des communes (via les conseils municipaux). Ainsi, la ville de Bernay ne gère-t-elle plus tout ce qui touche au ramassage et au traitement des ordures ménagères, ou bien encore la voirie (hors centre ville) relève de la communauté de communes. Par ailleurs, les contribuables bernayens sont les principaux contributeurs à la communauté de communes. Il me semble donc normal que le maire de la plus grande ville de la CC en soit le président. Il s’agit tout simplement de mettre en cohérence les politiques locales. Imaginons un instant, un conflit entre le président de la CC et le maire de Bernay. Pourrait-on imaginer que les nids de poule sur la voirie ne seraient plus rebouchés parce que seule la CC est compétente ? Je ne l’imagine pas un instant !
Les écoles de Bernay se battent tous les ans pour préserver leur nombre de classe. Comment peut on enrayer le phénomène à long terme?
Développer l’attractivité du territoire, est la condition pour enrayer le déclin de Bernay. Economiquement (dynamiser le tissu existant, promouvoir nos zones industrielles, installation d’entreprises, améliorer les liaisons ferroviaires, routières…), socialement (petite enfance, accueil péri scolaire, logement…), culturellement, sportivement sont autant d’éléments de dynamisme d’une ville. Bernay manque cruellement d’une véritable politique dynamique. La tendance à se reposer sur son passé est grande, nous, nous voulons la projeter dans l’avenir.
Comment faire que la jeunesse reste à Bernay quand aucune formation n'est proposée après le Bac?
Dynamiser le territoire sur le plan économique est un premier objectif. Développer la formation autour de formations post bac en est un autre au même titre que la création d’un CFA public du bâtiment adossé au Lycée Clément Ader et orienté autour des technologies liées au développement durable.
Quelle position adopterez vous face à la reforme de la carte scolaire prévu par le président?
Pour l’instant elle ne s’appliquerait que pour les collèges et les lycées. Pour le primaire et les maternelles, je rappelle que ce sont les maires qui inscrivent les enfants dans les écoles. De ce point de vue, les maires gardent donc la maîtrise de la carte scolaire communale.


Quelle politique de l'emploi proposez vous alors que Bernay n'est pas un pôle industriel spécialisé et que les entreprises historiques réduisent progressivement leurs effectifs avant de mettre la clef sous la porte?
Les politiques de l’emploi relèvent de l’Etat et des Régions. Les marges de manœuvre, dans ce domaine, n’existent donc pas pour les communes. Néanmoins, nous proposons de réorienter les dépenses municipales vers notre économie locale : exemple: nous accompagnerons financièrement le dispositif « chèque emploi-services » afin de réduire le coût horaire pour les employeurs et donc inciter à une augmentation des heures de travail. C’est une mesure pour soutenir et créer de l’emploi autour des services et de la personne, permettre à des familles modestes d’y recourir, donner aux personnes âgées une possibilité d’emploi à un moindre coût.
Comment équilibrer la proportion de commerce entre e centre ville et les zones commerciales en périphérie?
Le territoire commercial de Bernay est découpé en quatre zones : le centre ville, la zone du Val de la Couture, la zone du bois du cours et la zone commerciale de Menneval. Pour une zone de chalandise de 35000 habitants, le risque de déséquilibre est grand d’autant si les contraintes de stationnement du centre ville sont grandes (difficile et payant). J’ai dit au maire de Bernay actuel que la création d’une zone commerciale sur le bois du cours était une erreur, notamment, avec l’installation d’enseignes concurrentes du centre ville. Il n’a pas écouté, il faut donc aujourd’hui rendre notre centre ville attractif encore et encore au risque de le voir péricliter au profit des zones périphériques.

L'établissement d'un agenda 21 au sein de la commune ou de la CCBE est il d'actualité?
La réponse est oui pour les deux collectivités territoriales.

Certaines villes se posent la question de la reprise en main de la gestion de l'eau par les municipalités, est ce un débat que vous souhaitez soulever durant votre mandat?
Actuellement, le service des eaux de Bernay est une régie, c'est-à-dire géré en direct par la ville. Il n’est pas question de modifier cette règle et pour mieux s’en convaincre notre programme précise : « l’eau n’est pas une marchandise ».

Comment faciliter la circulation des moyens de transports non polluant (vélos, roller...) en centre ville?
Notre programme prévoit de développer les circulations douces soit en site indépendant soit en voie partagée. De plus, le développement du transport en commun et sa gratuité ont pour objectif de limiter le recours aux véhicules et par voie de conséquence, favoriser d’une certaine manière les circulations dites douces.
L'animation culturelle est principalement l'oeuvre des associations à Bernay; la municipalité doit elle encourager les initiatives extérieures ou bien reprendre ce secteur dans son giron?
Conscient des carences de la municipalité actuelle, j’ai choisi de confier ce créneau, en cas d’élection, à l’un de mes co-listiers dont le courage, la sensibilité et la volonté dans l’animation culturelle de Bernay n’ont d’égal que la force de ses convictions. Avoir sciemment fait ce choix, compte tenu de ce qui est fait par moult associations culturelles est en soi afficher clairement une rupture avec l’existant et ouvrir la culture à toutes les tranches d’âges par une programmation audacieuse, accessible et reconnue.
Comment doit être envisagé le financement d'un futur centre nautique que de nombreuses personnes appellent de leurs voeux (municipalité, CCBE, conglomérat inter comcom)?
Nous avons nous aussi inscrit cette proposition dans notre programme. Actuellement, la piscine de Bernay a vieilli et les travaux de réhabilitation à envisager sont très lourds. Par ailleurs, seuls les contribuables bernayens supportent cet équipement et sa gestion, alors qu’il est utilisé, certes, par les bernayens mais aussi par les habitants des alentours. L’idée est de mutualiser les moyens (communes, communautés de communes..) afin que cet équipement soit supporté par toutes les collectivités intéressées par le projet. Les financeurs classiques que sont la Région et le Conseil Général seraient alors plus sensibles à cet équipement structurant de Pays.
Comptez vous continuer votre activité professionnelle actuelle si vous êtes élu maire?
Oui, probablement à 1/3 de temps ne serait-ce que pour pouvoir être affilié à l’assurance maladie.

Aucun commentaire: