lundi 25 février 2008

Municipales: Interview de Pierre Jalet, tête de liste de Bernay Vraiment


Pierre Jalet et la liste Bernay Vraiment viennent de me communiquer leurs réponses à mon questionnaire (je les en remercie).
Philippe Raviart, ex candidat MoDem, s'est aussi prété à l'interview. Bien qu'il ne soit plus candidat, ses réponses participent au débat public.

En préambule, je reviens sur une petite phrase qui a pu choquer certaines personnes (si cela fut le cas je m'en excuse car cela n'en était pas l'intention). "En cas de silence, je me laisse libre choix de l'interprétation." Certains ont ressenti cette conclusion comme une menace.
Il s'agissait d'une précaution de ma part au vue de certaines pratiques observées depuis le début de la campagne à Bernay. N'étant pas sur le terrain, je ne peux me permettre de soliciter les candidats à de multiples reprises comme le ferait un journaliste local. Considérant ce blog comme un média à part entière et non un jouet intéractif dans les mains d'un étudiant en journalisme, il m'a fallu prouver cet état en rédigeant certaines questions plus techniques et en m'imposant un peu car la crédibilité des blogs (celui ci en particulier) n'est, à ce jour, pas acquise. J'espère, par ce blog, participer au débat public qui agite Bernay en ce moment et mon éloignement n'altère en rien mes convictions de citoyen et de journaliste. Je ne cherche à faire de l'ombre à personne mais j'essaye de trouver ma place dans le paysage médiatique et politique. Ceux qui ont déjà répondu à mes questions l'ont, semble t-il, déjà compris et j'espere que les autres prendront un peu de leur temps pour répondre aux questions (je suis conscient que la campagne se joue principalement sur le terrain et que les relations avec les médias passent après les relations avec les électeurs).

Comment envisagez vous la démocratie participative dans une ville comme
Bernay?
La démocratie participative doit produire des idées mais aussi, et surtout, des actions. Il faut un dispositif qui permette de faire entendre la voix de tous, mais qui évite de s'enliser dans des débats stériles. En conséquence, pour être efficace, car c'est cela que nous recherchons, un débat ouvert doit pouvoir s'organiser autour d'un thème précis proposé par le maire ou par un groupe
qualifié, représentatif des Bernayens (associations, syndicats, groupe citoyen...). Un ordre du jour et un document de travail, qui n'excluent pas les questions diverses, doivent être établis préalablement et transmis aux citoyens concernés. Lors des réunions à la mairie ou dans tout autre lieu pertinent, le rôle du maire sera d'animer, de fédérer et de faire la synthèse. Les fruits du débat seront ensuite traduits en proposition de délibération et discutés en Conseil municipal. C'est, je crois, le meilleur moyen de permettre au quotidien des décisions d'inspiration citoyenne. Je suis persuadé que ce qui en sortira remplacera utilement de nombreux audits, fort chers au demeurant.


Un conseil municipal des jeunes est il envisageable? Quelle sera son influence sur les questions municipales?
J'instituerai un conseil municipal des jeunes. Dans mon esprit, ce n'est pas un gadget institutionnel. Il doit se traduire par la manifestation d'une véritable force de proposition et être entendu des responsables. D'une part parce que la parole des jeunes est souvent porteuse d'imagination et d'avenir, de l'autre parce qu'un tel outil invite à la citoyenneté. Afin que les débats de ce Conseil puissent se tenir régulièrement, je propose d'ouvrir un espace organisé sur
internet pour les héberger au jour le jour. Chaque semestre, sera organisé en Mairie une séance du Conseil des jeunes qui finalisera et donnera forme institutionnelle aux propositions. Ces dernières seront systématiquement débattues en Conseil municipal. Dans le même temps, pour les décisions intéressant particulièrement la jeunesse bernayenne, le Conseil des jeunes sera
préalablement consulté.

Comment envisagez vous la gouvernance de Bernay si au lendemain du second tour vous n'êtes pas en mesure d'obtenir une majorité avec vos seuls colistiers?
C'est un cas figure très improbable ;) En tout état de cause, ce sont les électeurs qui, à l'occasion du premier tour, diront l'avenir.

La politique bernayenne doit elle le fruit du projet de la majorité ou bien résulter d'un consensus avec l'opposition?
Je ne suis pas favorable à une politique du consensus à tout prix. Une majorité doit gouverner dans le respect du programme pour lequel elle a été élue. En revanche, le débat avec l'opposition doit toujours être mené dans la transparence et sur une base contradictoire. Si une proposition venant de l'opposition s'avère pertinente, je la soutiendrai et demanderai à ma majorité de la soutenir. Cette remarque vaut pour les objections ou les critiques constructives. Quand on déclare que l'intelligence et le sens du bien commun sont le monopole d'une majorité, c'est, bien souvent, qu'on en manque.

Etes vous favorable à la création de conseils de quartiers dirigé par les habitants eux même et qui se substituerai aux réunions de quartier?
Très clairement, non. Cela créerait inévitablement un écran entre le maire et les habitants. Je crois au contact direct. Par ailleurs, j'ai développé plus haut ma vision de la démocratie participative. Ne compliquons pas inutilement les choses, surtout quant elles sont importantes.

Les maires de la région de Clamecy ont décidé de boycotter les élections municipales en raison des menaces qui planent sur la maternité. Auriez vous été capable d'un tel geste de protestation?
Je suis prêt à toutes les actions sous deux conditions : qu'elles s'inscrivent dans un processus légal et démocratique et qu'elles soient efficaces. En l'occurrence, je ne suis pas convaincu qu'un boycott des élections municipales soit très productif au bout du compte. Sur cette affaire,
c'est la préfecture qui prend les choses en main. L'absence d'interlocuteur municipal risque de se traduire par un affaiblissement pur et simple de la voix locale.

La visite de Xavier Bertrand en 2007, nous a prouvé que les collectivités territoriales et l'agence regionale hospitalière n'avançaient pas avec les mêmes priorités. Comment comptez vous faire contre poids face aux décisions de l'ARH?
Il va de soi que, sur ce chapitre, les forces ne sont pas égales. C'est la raison pour laquelle le maire doit entretenir une relation de qualité avec les instances du Conseil régional et du Conseil général afin de pouvoir peser de tout son poids en cas de nécessité.
Comment envisagez vous les relations avec Pont-Audemer, seconde ville de la circonscription?
Bernay s'inscrit dans un contexte dont elle n'est qu'un des acteurs. Pour être efficace, une action économique et sociale doit privilégier la synergie entre ces deux villes, non la rivalité. Je ne crois pas beaucoup à l'esprit de clocher. J'aime trop ma ville pour la réduire à un terrier.

Quelle place accordez vous au Pays Risle Charentonne?
Une place très importante, évidemment. Avec mes colistiers, nous avons élaboré une stratégie de développement qui déborde largement les limites de Bernay intra-muros. Nous aurions pu oublier notre environnement, comme cela a souvent été le cas dans le passé. Le problème, c'est que notre environnement, lui, ne nous oublie pas. Nous resserrerons les liens avec les communes environnantes et nous leur demanderons de s'impliquer dans une politique de développement
économique dont elles ne manqueront pas, à leur tour, de récolter les fruits.

En cas de victoire postulerez vous personnellement à la présidence de la communauté de communes de Bernay et ses environs ou bien proposerez vous quelqu'un d'autre? ces deux activités vous semblent elles compatibles au vue de la charge horaire que requiert le poste de maire?
Aujourd'hui, notre projet à cet égard n'est pas définitif. Cependant, ce dont je suis sûr, c'est que Bernay doit jouer un rôle moteur et dynamique au sein de la Communauté de communes. Nous ne pouvons mener à bien notre développement économique et social sans alliés. C'est pourquoi, je penche plutôt vers une corrélation forte entre les deux responsabilités.

Les écoles de Bernay se battent tous les ans pour préserver leur nombre de classes. Comment peut on enrayer le phénomène à long terme?
C'est très simple, nous devons lutter pied à pied contre la régression démographique de notre ville. Cela suppose de porter l'effort sur le renouveau économique, culturel et social de Bernay. Ces fermetures, quand elles surviennent, sont dramatiques. Aux racines de ce symptôme il y a un mal qui doit faire l'objet d'une thérapie globale.

Comment faire que la jeunesse reste à Bernay quand aucune formation n'est proposée après le Bac?
Il est évident que nous ne pouvons pas, à Bernay, nous substituer aux universités et autres grandes écoles. Pour autant, cela ne nous empêche pas d'apporter une réponse à la question de la formation. A cet égard, nous avons un projet concret, dont la faisabilité est à l'étude: la création d'un centre de formation spécialisé dans le domaine de l'environnement, de la construction HQE
et les technologies nouvelles. Il s'agit d'un secteur en plein essor où les besoins de compétences et de savoir-faire se développent. Bernay et sa région, tant en raison de leur situation géographique que par leurs productions traditionnelles peuvent prétendre jouer un rôle déterminant dans ce secteur économique. Parallèlement, nous développerons les dispositifs de formation par alternance en relation avec les besoins réels des entreprises existantes et à venir. Enfin, nous ferons en sorte qu'un jeune cherchant ailleurs une formation "puisse revenir plein d'usage et raison vivre entre ses parents le reste de son âge".

Quelle position adopterez vous face à la reforme de la carte scolaire prévu par le président ?
Que la carte scolaire puisse être assouplie, je veux bien qu'on en discute. Mais, la réforme envisagée me semble sacrifier tout esprit de justice sociale. Car, soit on affirme, dans le même temps, que l'école est une institution au service de l'égalité des chances et que l'égalité des chances à l'école doit être renforcée, soit on s'affranchit de ce double impératif. En l'occurrence, je
pense que la réforme de la carte scolaire telle qu'elle se présente introduit une rupture supplémentaire d'égalité. Cela revient à affaiblir un fondement de notre République. Il aurait mieux fallu chercher à redorer le blason de certaines filières et à homogénéiser les pôles d'excellence à l'échelle du territoire.

Quelle politique de l'emploi proposez vous alors que Bernay n'est pas un pôle industriel spécialisé et que les entreprises historiques réduisent progressivement leurs effectifs avant de mettre la clef sous la porte?
Cette question précise fait l'objet d'une réponse dans la presse locale de la semaine prochaine. Désolé, mais nous lui réservons la primeur ;) En échange des détails, je vais vous dire un secret: à Bernay, nous avons notre pétrole à nous.

Comment équilibrer la proportion de commerce entre e centre ville et les zones commerciales en périphérie?
La question est complexe. C'est bien avant nous qu'elle aurait dû être traitée, dans le cadre d'une politique cohérente de pays. Cela étant, la vraie question est celle du pouvoir d'achat. En allant dans les grandes surfaces, il va sans dire que, financièrement, les consommateurs d'ici et des environs y trouve leur compte. On ne peut donc redresser la balance qu'en contribuant à l'augmentation du pouvoir d'achat. Il existe une relation mécanique entre cette augmentation
et la consommation en centre-ville.

L'établissement d'un agenda 21 au sein de la commune ou de la CCBE est il d'actualité?
J'y suis favorable à 100%.

Certaines villes se posent la question de la reprise en main de la gestion de l'eau par les municipalités, est ce un débat que vous souhaitez soulever durant votre mandat?
C'est une question prioritaire que notre programme a déjà tranché. Nous défendons le principe d'une régie municipale de l'eau.

Comment faciliter la circulation des moyens de transports non polluant (vélos, roller...) en centre ville?
Je suis attaché à un meilleur équilibre dans l'utilisation de la voirie entre les différents modes de transport, notamment au profit des circulations douces. Pour commencer dans la pédagogie, je propose de mettre en place une signalétique spécialement adaptée.

L'animation culturelle est principalement l'oeuvre des associations à Bernay; la municipalité doit elle encourager les initiatives extérieures ou bien reprendre ce secteur dans son giron?
La question ne se pose pas en ces termes. Le rôle d'une ville est d'assurer deux fonctions: soutien et promotion constante des initiatives associatives et mise en oeuvre d'une programmation cohérente de qualité qui doit contribuer, non seulement, à l'appétit culturel des habitants mais également lui conférer une identité régionalement, voir nationalement reconnue. Ce n'est pas parce que l'on est petit que l'on ne peut pas faire grand.

Comment doit être envisagé le financement d'un futur centre nautique que de nombreuses personnes appellent de leurs voeux (municipalité, CCBE, conglomérat inter comcom)?
Les bénéficiaires d'une telle structure sportive doivent tous contribuer à sa réalisation. Aussi, le projet doit-il être mené en concertation avec tous les acteurs que vous évoquez et financé de même. Tout le monde dans le même bain!

Comptez vous continuer votre activité professionnelle actuelle si vous êtes élu maire?
Oui, mais sous une autre forme: élu maire, je serai l'avocat à part entière de mes concitoyens.

Gilles Launay, propose la création de jardins familliaux (appelés aussi jardins ouvrier) en faveur des plus défavorisés, que pensez vous de cette mesure?
Excellente proposition puisqu'il me l'a empruntée, à une différence près: pourquoi seulement aux plus défavorisés? L'intérêt de ses jardins, n'est pas simplement économique, il est aussi social et convivial. Je suis pour la mixité. Un choux-fleur vaut bien une rose...

Photo: D.R www.bernayvraiment.fr

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