vendredi 31 juillet 2009

Au milieu du désert

En traversant le Pérou du Nord au Sud, on rencontre le désert. En bord de mer, les vagues viennent s’échouer sur une côte infertile. Puis venu de nulle part, un oasis apparaît, miracle de l’eau douce qui serpente dans cette étendue hostile.

Lima est la deuxième plus grande ville au monde construite dans le désert après le Caire, mais avant d’arriver à la capitale péruvienne, il faut parcourir plus de 20 heures de bus depuis la frontière équatorienne en plein milieu d’un sable infertile.
Le sable et des arbustes rachitiques à perte de vue tandis que le bus avale les kilomètres. La route suit le même chemin que les lignes à haute tension, seule preuve d’une présence humaine dans ce désert à perte de vue et cordon ombilicale avec la « civilisation ».
Il y eu des habitations dans le passé. Des murs subsistent aux attaques météorologiques et aux pillages. La propagande politique s’est aussi appropriée ces ruines et en a fait l’apologie de candidats passés ou futurs. L’homme n’est pas un animal discret, là où il passe, il laisse sa trace et ses ordures jonchent le bord de la route. Des sacs éventrés dispersent les résidus d’une consommation imparfaite. Les voyageurs des nombreux bus qui traversent ce territoire laissent aussi leur empreinte puisque tout ce qui ne se mange pas passe par la fenêtre. Le plastique ne se dilue pas dans le sable.
A l’approche d’un virage, le sort, ou peut être l’alcool, plante une sépulture en mémoire d’une vie perdue au volant d’une automobile.
Le bus poursuit sa route, Lima n’est qu’une étape pour personnes en manque de l’oncle Sam. L’itinéraire indique Aréquipa. En rejoignant la « cité blanche », dans la « valle de los Majes », on traverse une oasis. Sans prévenir, le sable laisse pousser quelques brins d’herbes, puis des arbres aux feuilles vertes. Le village n’est plus très loin. La ferme est entourée de sa parcelle de terre. Ce n’est qu’ensuite que l’on découvre cette rivière qui irrigue toute la vallée et rend la terre si productive. Les canaux ancestraux des indiens Nasca servent encore et toujours pour l’agriculture. On cultive le maïs.
Un canal plus moderne longe la route panaméricaine. Il garde les stigmates revendicatives d’un mouvement social qui en 2003 à pousser les ouvriers à se mettre en grève illimitée pour une revalorisation des salaires.
Les grévistes travaillent dans une autre oasis qui apparaît quelques kilomètres plus loin. Aucun cours d’eau pour l’irriguer mais un réseau de tuyaux arroseurs qui dispersent l’eau dans les airs lorsque le soleil monte dans le ciel. Système automatisé mis en place par une multi nationale agro industrielle. Les limites de la propriété privée sont bien gardées par force de barbelé et de haies. On invite l’inconnu à rebrousser chemin sous peine de tir. Les ouvriers cultivent tomates, oignons, paprika, maïs. Le patron fait beaucoup d’argent mais ne connaît pas la répartition des profits.


credit photo: J.S.N

mercredi 29 juillet 2009

La double face de Coriolis




Au mois d'avril, je relatais les multiples facettes de la force de Coriolis observés dans un musé quiteño. Aujourd'hui la vidéo est en ligne sur Dailymotion (attention aux torticolis, la position verticale n'a pas été rectifiée, désolé).

La preuve par l'image!

mardi 28 juillet 2009

La ville des ombres

Le récit péruvien débute par un texte emprunté à Jérémie Wach-Chastel et trouvé sur le site du Grand Soir. L'auteur reviens sur sa visite à Pisco, ville au sud de Lima. J'ai rencontré certains des volontaires dont il parle et confirme leur ignorance totale de la langue.

Avril 2009, Pérou, quatrième mois de voyage.

Après 15h de trajet en direction de Pisco, le car me dépose au bord d’une grande route. Le soleil tape, la poussière flotte dans l’air, bienvenue dans la Costa péruvienne, sorte de grand désert traversé par dess courts d’eau. Ici, pas de terminal de bus, seulement un bar, une boutique internet, un petit marché et quelques bâtiment à quoi s’ajoute la multitude de taxi, mototaxi et vieu vans Volkswagen.

J’apprendrai plus tard que je suis sur la Panaméricaine et que le centre de Pisco, ou ce qui l’en reste, est à 5km. Pas de route pour y accéder, seulement un chemin de terre où les voitures défilent et se croisent sans interruption. Aux abords, on peut voir une sorte de camp de réfugiés, des baraquements et des petites cabanes de bois accolées à perte de vue. Bien organisées par bloc, ces habitations sommaires, une pièce de 15m² pour une famille, semblent être ici pour durer.

Des enfants courent au milieu de la poussière soulevée par les véhicules et le vent. Un vieillard tire, à la force de son corps, une petite charrette contenant des bouteilles en plastique. Il se rend à deux kilomètres de là pour les échanger, 1kg pour 0,30 sol soit 0,08€.

Le petit bus volkswagen, bondé, continue son trajet. La chaleur, lourde, est difficilement supportable, et les fenêtres à peine entrouvertes permettent d’éviter que la poussière ne s’immisce/s’invite à l’intérieur.

Pisco. Des bâtiments commencent à apparaître dans mon champ de vision. Ou plutôt des ruines de bâtiment. Les murs sont effondrés, les toits absents, les gravats au sol se mélangent aux poubelles. Mais la rue est animée, il y a de la vie. Les taxis klaxonnent, les piétons circulent, les étales des magasins sont dans la rue, comme sur un marché. Ça crie, ça vend, ça court.

Je descends au niveau de la place centrale. Quelqu’un m’alpague. Information ? English ? Español ? Après m’avoir demandé d’où je venais, le vendeur me propose un tour guidé qui part le lendemain matin à 7h. Le car vous dépose loin, les agences touristiques vous emmènent hors de la ville. Tout semble fait pour que l’on ne reste pas à Pisco.

Pourtant les différents guides touristiques, édition 2009, vous parle de la ville comme d’un lieu où il faut s’arrêter, avec sa cathédrale, son musée et sa plage splendide. Mais où sont ils aller chercher ses informations ?

Lors de l’édition des guides, qui sont bouclés deux ans avant, toutes les informations étaient justes. Mais, en août 2007, le 17, à 18h41, le sol a tremblé. Une première secousse, pas trop importante, puis quelques instants plus tard, cela revient et de manière amplifiée. Et pendant trois minutes, un tremblement de terre, niveau 7,9 sur l’échelle de Richter, va dévaster la ville. L’hôtel de ville, l’église, la prison, les magasins. Au total, environ 80% de la ville sera détruite. La secousse est ressentie en Bolivie, au Chili, en Equateur et en Colombie.

Le lendemain, des médecins de Cuba et du Venezuela débarquent. Dans les jours suivant, ce sont les ONG, associations et autres organisations qui arrivent. La réponse est internationale. Beaucoup de pays envoient de l’argent. Des dizaines de milliers d’euros seront récoltés.

J’arrive, presque deux ans plus tard, sur recommandation d’amis péruviens qui m’ont dit que rien n’avait changé, que l’argent était parti dans les poches des personnes corrompues. Alors, j’ai pris mon billet de bus, et avant d’aller à Lima, je suis venu ici pour voir et savoir, pour voir comment la situation évolue, si la population a pu s’organiser, pour rencontrer l’une des seules associations survivantes. Mon premier contact avec la ville est bien pire que ce que je ne m’étais imaginé. Dans le centre ville, on se croirait à Beyrouth après un bombardement et dans le quartier le plus touché – où se trouve MAD voluntarios, association que j’ai contacté – c’est encore pire. Ancien quartier résidentiel, il est aujourd’hui déconseillé de s’y promener seul, car la précarité a entrainé l’insécurité.

L’aide internationale a permis de déblayer les débris ici, de construire un mur d’enceinte par là, ou bien une dalle de béton sur ce terrain. Le problème est que rien n’est terminé. Les murs d’enceinte ont été élevés pour éviter que des voleurs n’entre dans les jardins mais les habitants n’ont pas d’argent pour reconstruire la maison. Heureusement, d’autres organisations ont construit des des abris de 15m² où séjourne toute la famille (photo). Mais comme il y en avait beaucoup à construire, le mur n’est qu’une fine planche de bois, sans isolation, ce qui entraîne une chaleur insupportable à l’intérieur lorsque le soleil tape, c’est à dire tout le temps.

Depuis, le problème a été reconnu et les constructions sont maintenant en PVC avec isolation, pour un coût un peu supérieur. Qu’importe, de toute façon, il n’y a plus d’argent pour aider, et la plupart des organisations sont parties, d’autres parties du monde ayant eu aussi leurs lots de désastres.

Aujourd’hui, il ne reste plus que deux petites associations, et UNICEF qui est repassé pour installer quelques trois cent toilettes individuels pour la population. De mon côté, j’ai rencontré MAD Volutarios, que l’on pourrait décrirecomme une bande de gringos plein de bonnes intentions. Ils aident grandement la population en allant sur les chantiers comme main d’oeuvre, en proposant aux riverains d’acheter eux-mêmes les matériaux nécessaire pour la construction d’une maison en PVC (photo) soit 250 soles (65€) et eux viennent avec leur bétonneuse, pelles... pour couler une dalle en dur sur laquelle ils monteront la maison. Et lorsque la famille est sans ressource, comme c’est le cas de nombreuses mères élevant seules leurs enfants, l’association paye une partie des matériaux. Le problème est que pour le moment ils sont en attente de subvention.

Après tant de louanges, on peut se demander pourquoi j’emploie le terme péjoratif de gringos. La raison est très simple, au sein de l’association tous parlent anglais ou plutôt aucun ne parle l’espagnol... Certains le baragouinent, ou arrivent à échanger avec les habitants grâce aux gestes et autres idées que l’on trouve toujours dans le besoin mais rien de plus. Comment faire un travail de terrain efficace et adapté si l’on ne peut communiquer avec les gens ? Car reconstruire, c’est bien, mais c’est encore mieux lorsque l’on arrive à former la population pour qu’elle le fasse elle même, car viendra un moment où les bénévoles partiront, et alors que restera-t-il ?

Autre point étrange, lorsque nous faisions un tour de la ville avec Dominic, l’un des anciens de l’association, il me montre le fruit de leur travail : un toboggan et des balançoires – très bonne idées – et me dit qu’ils voudraient continuer. Oui, ils envisagent de construire un skate parc s’ils arrivent à avoir une aide. Étonnement de ma part, les rues ne sont pas bitumées, je n’ai vu aucun gamin en skate ou roller dans les rues. Il y a certes quelques vélos mais rien de plus. Les gens n’ont pas d’argent pour construire un toit pour leurs toilettes, vont-ils acheter des rollers ? C’est ici que l’on voit une certaine naïveté ou un manque d’analyse de leur part, peut être un peu rêveurs sur les bords. Quant à l’autre association, il m’a été dit sur Lima, Pisco et Aréquipa que l’argent était très mal géré et que le dirigeant profitait du travail des bénévoles pour améliorer son CV...

Alors que faire ? Laisser les gens dans le besoin sous prétexte que certains volent et profitent des failles du système ? Sûrement pas. Par contre, je pense qu’il est erroné de venir en pensant que l’on va sauver ces pauvres gens, leur montrer comment faire, leur apprendre à vivre. Ceci ressemble à la vision de l’occident sur le tiers-monde, une vision colonialiste diraient certains.

Le mode d’organisation qui fonctionne dans les autres lieux où je suis passé est le travail en relation avec la population. Celui qui vient, arrive avec l’argent, le temps et la motivation pour aider. À partir de là, il faut rencontrer la population et définir les problèmes qui existent et ceux sur lesquels va se pencher l’organisation, ainsi que la manière dont elle va les aborder. Il semble que travailler avec la population entraine bien plus souvent la pérennisation du projet mais aussi l’échange et l’entreaide. Par exemple, si un certain nombre de maison doivent être reconstruites, si ce sont uniquement les bénévoles qui le font, le travail ira peut être plus vite, eux ayant tout leur temps pour le faire, mais une fois parti, il n’y aura plus personne pour aider les autres habitants. Tandis que si le travail se fait avec l’aide du voisinage, en plus de renforcer les liens dans le quartier, cela permet à la population d’apprendre et de pouvoir continuer seule. Ceci permet dans le même temps de proposer des formations à la population, sur ses droits par exemple, ou des ateliers pour les enfants, une nouvelle fois dans le but de tisser des liens et d’échanger.

Je repars donc de Pisco et mon bilan est mitigé. C’était la première fois, et probablement la dernière, que je rencontrais une association sans qu’une personne, un bénévole ne soit du pays, ce qui est un signe avant coureur des possibles défauts/des difficultés rencontrées. Surtout cela ne m’enlève pas de la bouche que la ville semble, aujourd’hui, oubliée du pays, les travaux comme la reconstruction de la route, la Panaméricaine, et de la ville n’avançant pas. Alors, je me permets d’écrire cet article, de partager mon expérience, pour transmettre l’appel à l’aide des habitants, plus démunis que jamais. Donc si vous avez des idées, des moyens ou du temps, que vous puissiez envisager Pisco dans vos plans...



source: Jérémie Wach-Chastel

La face de l'hypocrisie

Dernier billet datant du mois de juin, avant d'entammer le récit péruvien. C'est aussi le premier article partagé entre Réaction à Show et La otra esquina.

Le regard fixe, droit comme un pic, dans ses mains la plaque commémorative que l’on vient de lui remettre, Marco Cadena ne bronche pas. La caméra de la télévision et les objectifs des photographes sont braqués sur lui, il ne peut perdre la face. Pris en flagrant délit d’hypocrisie, le principal du collège de San Gerardo ne réagit pas.




Il était un peu plus fier, quelques jours auparavant en compagnie de ses collègues. Face aux volontaires qui avaient accompagné la réalisation de la fresque qui orne le mur principal de son institution, ils ne manquaient pas de qualificatifs dépréciatifs : « c’est moche », « c’est horrible », « cela ne correspond pas avec les valeurs de notre institution », « à la limite ça a sa place dans la cours d’une crèche ». Une professeur se proposera d’offrir un galon de peinture pour recouvrir le tout en blanc. En comparaison, ils ne sont pas avares de félicitations pour les élèves, âgés de 17-18 ans qui ont ornés les murs de bondieuseries dans la cadre du cours d’anglais (rappelons que le collège est public).
Les deux européens repartirent vexés et décidés à lui faire manger son chapeau. Rien de grave si ces critiques n’avaient pas été faites aussi aux adolescents (12-15 ans) face à leurs camarades peu avares en ricanement. Six mois de travail à propos de l’autonomie, l’estime personnelle, la motivation mis à mal par une bande de professeurs ignorants sans la moindre once de pédagogie qui considèrent leur sens artistique comme le nombril du monde. La peinture qui invite au respect de l’environnement est assez figurative. On reconnaît le paysage alentours et le Tungurahua imposant dans le massif andin. La faune et la flore ont été représentées en utilisant la technique de la sérigraphie. Le thème, les traits et les couleurs sortent tout droit de la caboche des peintres. Les deux volontaires ont accompagné le projet sans trop intervenir. Le projet initial, quelques conseils et une longue paire de bras assez pratique pour peindre le ciel situé à 3 mètres du sol comme uniques guides tout au long du processus.
Le jeudi 18 juin, face aux autorités locales et aux médias, Marco Cadena ne réitérera pas ses propos. Passif, il assiste à la célébration du travail de ses étudiants. Devant le micro, il en vient même à féliciter les apprentis peintres. Chacune des parties prenantes en va de son discours. Tous fustigent les critiques qui ne prennent pas en compte le travail collaboratif et communautaire des adolescents et qui oublient que cette œuvre de rue était une première pour tous les participants. Le principal reste de marbre et ses collègues font profil bas. Docilement, ils promettent à la presse de conserver la fresque qu’il leur faisait horreur quelques jours auparavant. Sur le mur du collège qui fait face au village, tous les habitants peuvent désormais admirer la fresque réalisée par leurs enfants. Une explosion de couleurs sur le bâtiment blanc, une épine dans le pied du principal.

La folie des stades Equatoriens



Le 30 mars dernier, l'Equateur affrontait le Brésil au stade olympique d'Atahualpa à l'occasion des éliminatoires pour la coupe du Monde 2010 qui aura lieu en Afrique du Sud. Le match se termina par un match nul.
On retrouve le texte à ce propos ici. Ainsi qu'une seconde vidéo ici.

Tout en image (10)



Quelques images du voyage au Pérou et en Bolivie de ces dernières semaines. Les photos se trouvent sur Flickr.

vendredi 24 juillet 2009

[2] Le début de la fin ? Menace de censure

Alors qu’au Venezuela, on « célèbre » le second anniversaire de la fermeture du canal RCTV, et qu’une autre chaîne est menacé à son tour en compagnie de 200 radios, Rafael Correa est en train de prendre exemple sur son collègue vénézuelien en ce qui concerne la politique médiatique.

Les Simpsons, danger public ? Du haut de son arbre où il a édifié sa cabane, Bart doit bien rire. C’est pourtant l’une des conclusions du CONARTEL, organisme de régulation des communications et des médias d’Equateur. Après le capitaine Wigum, voila Antonio Garcia, délégué du président à la tête de l’institution qui poursuit la terreur de Springfield. En compagnie de Sangoku, l’un des personnages de Dragon Ball Z, Bart Simpson est accusé de participer à un programme non adapté à la classe d’âge auquel on le destine. Pour cette raison, le CONARTEL envisage de l’expédier en dehors de la plage horaire familiale (6h – 21h) de la télévision équatorienne tout en menaçant ses diffuseurs de sanctions bien plus importantes.
Ces dernières semaines, Rafael Correa est en colère contre les médias. Le président n’a pas supporté la contestation de la part des médias dont il a été victime pendant la campagne électorale (ce qui ne l’a pas empêché d’être réélu au premier tour). Les médias de droite n’ont pas été complaisants envers le président équatorien. El Universo, journal de Guayaquil à diffusion nationale, avait prouvé à l’occasion d’une enquête, comment le président et l’alliance Mi Pais monopolisaient le temps de parole dans les médias publics. Le CSA local avait d’ailleurs dû réprimander le chef de l’Etat lorsqu’il utilisait son émission hebdomadaire pour critiquer ses adversaires.
Le crime de lèse majesté est venu de TeleAmazonas, principal canal indépendant et diffuseur des Simpsons. Une fois les urnes scellée alors que l’heure était au comptage des voix, les journalistes du canal 4 ont annoncé qu’un centre de comptage clandestin avait été découvert dans l’état de Guayas, ce qui laissait planer un doute sur la transparence des élections. L’information a été reprise par tous les médias avant qu’on s’aperçoive que l’info était bidon. Cet élément qui s’ajoutait à la ligne éditoriale clairement anti-Correa de la chaîne a été la goutte d’eau qui fit déborder le vase et le CONARTEL engagea une procédure de suspension d’émission à l’encontre de TeleAmazonas. A l’heure actuelle, la procédure est toujours en cours. Les salariés de la chaîne se mobilisent en compagnie d’une poignée de citoyen pour que l’indépendance vive.
Média menteur parmi la masse, TeleAmazonas mérite sûrement d’être sanctionné pour les bobards qu’elle raconte aux équatoriens, il est à se demander si une suspension est vraiment judicieuse. Automatiquement cela retiendrait l’attention des associations défenseuses des droits de l’homme du monde entier, Rafael Correa aurait tout à perdre d’une médiatisation mondiale similaire à celle que vécut Hugo Chavez lors de la suspension de RCTV. Le caractère « citoyen » de sa révolution recevrait par la même occasion un sacré coup de plomb dans l’aile.

jeudi 23 juillet 2009

Le début de la fin ? Le conflit avec les syndicats de l’éducation

Fin juin des problèmes techniques m'ont empécher de publier tous les articles prévus pour le blog. Le sujet restant d'actualité, je met à jour les publications avant de commencer le récit des déambulations sur la terre de Atahualpa et Francisco Pizarro.


Depuis sa première élection en 2006, Rafael Correa profite d’une vague de consensus qui jusque là l’avait porté dans tous ses projets de réformes. En 2007, la nouvelle constitution fut votée majoritairement par referendum, et sa réélection au premier tour des présidentielles cette année fut une nouvelle preuve de sa popularité. Cette réélection fut aussi les prémices de la contestation.

La révolution bolivarienne comme la conçoivent Chavez, Correa et Morales se construit avec les mouvements sociaux et une base populaire élargie. Evo Morales en Bolivie est arrivé au pouvoir grâce aux mouvements indigènes, aux syndicats et aux associations de producteurs de coca. Correa a fait de même dans son pays en utilisant les luttes ouvrières comme un tremplin.

En Equateur, le mouvement indigène a toujours soutenu le président en revendiquant son indépendance. Pachakutik, le principal parti indien fait partie de l’alliance gouvernementale mais ses représentants ainsi que ses électeurs font toujours valoir leur liberté de parole en distinguant politique nationale et gouvernance locale.

Chez les syndicats, les professeurs sont rentrés en conflit avec le gouvernement peu de temps après le 26 avril. La volonté présidentielle d’évaluer les compétences des maîtres n’est pas bien passée auprès des principaux concernés. Il s’agit d’une évaluation couperet qui implique une expulsion au cas où le professeur n’obtiendrait pas la moyenne. La mesure est radicale. Elle a le mérite de ne pas se montrer complaisante à quelques semaines de la déclaration officielle « Equateur, territoire libre de l’analphabétisme » tout en poursuivant la « révolution » au sein de l’Education Nationale, l’un des principaux objectifs du gouvernement de Correa. L’UNE, principal syndicat de professeur, s’est immédiatement opposé à cette décision qui relevait de « l’arbitraire » selon elle. Dans toutes les capitales provinciales, le syndicat a organisé des manifestations amplement suivies pour encourager l’évaluation de leur travail mais aussi la formation continue en cas d’échec. Le gouvernement a fait la sourde oreille et les premières épreuves ont eu lieu sur la Côte (dans les Andes, elles auront lieu en octobre). Il a aussi déployé une importante campagne médiatique pour faire barrage à la contestation. Sur tous les canaux de télévision et en particulier pendant les matchs de foot (pics d’audience), les spots se sont enchaînés pour rendre compte du travail du gouvernement en matière d’éducation tout en promouvant les actions futures. L’UNE intégrait par la même occasion la « mafia » anti gouvernementale (terme utilisé depuis le début pour caractériser les anciens dirigeants responsables de la dette extérieure, les instances corrompues, et ceux qui s’opposent à la « révolution citoyenne »).

Le bras de fer se poursuit entre les professeurs et le gouvernement mais ce dernier est en passe de gagner une bataille. La mobilisation s’est peu à peu essoufflée au fil du mois de juin face à la pugnacité du ministère qui n’a rien lâché pendant les négociations avec les syndicats.

credit photo: el telegrafo, juin 2009

samedi 11 juillet 2009

Tintin et le temple du Soleil


Actuellement sur les routes su Perou et de la Bolivie, le blog se trouve à l'arret mais tres vite les publications vont reprendre avec de nombreux articles écris ou en reflexion. Ces terres andines ne manque pas d'inspirations.