vendredi 22 février 2008

La vie des quartiers


Ultime article à propos du Carnaval de Recife et comparaison des politiques et des mentalités entre le Brésil et la France

« Si vous voulez aller à cet endroit, prévoyez de vous y rendre en ambulance. » On ne peut pas dire que ce genre de recommandations soit rassurant.
Le carnaval de Recife ne concentre pas toutes les animations en un seul point. Outre le pôle multiculturel qui sept scènes au cœur du centre historique, l’organisation a depuis quelques années étendues ses animations dans toute la ville en proposant des concerts dans des quartiers périphériques. Pour que la « folia » s’empare de toute la ville, les quartiers populaires accueillent une programmation de choix. On retrouve des artistes de renommée internationales tel Lenine ou Vanessa Da Mata ainsi que des défilés hauts en couleurs (notamment un totalement dédié aux tribus indigènes du Sertão). L’élitisme du centre ville est banni pour que toute la ville se sente impliquée dans cet évènement de classe mondiale.
Une telle pratique de décentralisation, en France, a pour but de rendre accessible la fête à tout le monde. De plus en plus de festivals déconcentrent une partie de leurs activités pour que les gens qui habitent en banlieue puissent aussi profiter de la fête sans être dépendant des transports en commun. Les Transmusicales de Rennes, les Vieilles Charrues ou bien Nordik Impact proposent, en préambule à l’évènement, une multitude de concerts et d’animations dans les quartiers de Rennes et de Caen mais aussi une tournée dans des villes plus rurales. On démocratise la culture en la rendant accessible à tous.
Henrique, un brésilien habitant Brasilia, a un avis différent : « les pôles décentralisés évitent que les gens des quartiers populaires et des favelas ne viennent en centre ville pour faire du chahut. Ils restent dans leurs coins et le cœur du carnaval reste calme. Les touristes sont plus en sécurité. »
Dur de savoir le véritable objectif de ces pôles décentralisés, en n’ayant pas rencontré les organisateurs. Nous ne parlerons pas non plus de propos discriminatoires en ce qui concerne Henrique. La mentalité brésilienne est différente de la mentalité française. Mais il est curieux de voir que ce que l’on appelle démocratisation en France est considéré comme de la ségrégation au Brésil.
La question reste en suspend mais après avoir consulté de nombreuses personnes brésiliennes et originaires de Recife, les touristes français qui ne n’étaient pas en mesure de dissimuler leur physique de gringo ont décidé de ne faire la fête que dans les pôles les plus sur et de passer à coté du concert de Vanessa Da Mata.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Deux Bernayens expatries se sont donc croises ! Grosse surprise en tombant, plus ou moins par hasard, sur ton blog, riche et tres interessant.
Figure-toi que j'etais, moi aussi, aux carnavals de Recife et Olinda... J ai, moi aussi, ete fort etonne de voir les rues du centre absolument desertes a 21h hors carnaval (certes, le lendemain de la fin des festivites). Le seul bar anime m'aura cependant permis de m'offrir quelques caipis ^^
Je suis etudiant en sciences politiues pour une annee a Buenos Aires, et je fais actuellement (depuis 3 mois en fait) un tour du continent.
Je trouve vraiment amusante cette coincidence en tout cas. On ne connait peut etre de Bernay ? si tu veux discuter, ca sera avec plaisir. Voici mon mail : ololygon@hotmail.fr
A bientot !