jeudi 28 février 2008

Les reliques du passé


A l’échelle de l'histoire du Brésil, la démocratie est une chose récente. Après la dictature de 1940 avec à sa tête, Gétulio Vargas puis la dictature militaire à partir de 1964, la république a vraiment été mise en place en 1984. Cependant, il reste encore des vestiges de ces régimes autoritaires.

Le tribunal suprême de justice vient de suspendre plusieurs chapitres de la « Lei da Imprensa » (loi de la presse) qui criminalisait jusqu’à hier encore certains délits. Bien que les militaires aient été destitués il y a plus de 20 ans, le journaliste brésilien pouvait encourir des peines de prison en cas d’injures, et de diffamations. Les peines maximums n’étaient plus appliquées mais elles restaient présentes telle une épée de Damoclès au dessus de la tête des journalistes.

A l’initiative d’un député du PMDB, le tribunal suprême de justice vient de suspendre les articles en question pour une durée de six mois, après quoi la loi sera corrigée par le parlement. Les juges saisis pour des affaires de ce type pendant cette période devront se référer au code civil et à la constitution.

On n’efface pas vingt ans d’oppression d’un simple revers de main et certaines pratiques médiatiques sont encore révélatrices des abus de pouvoirs du gouvernement. Tous les lundis matin, la semaine commence par une heure d’expression présidentielle sur Radiobras, la radio publique. Lula dispose, chaque semaine, de une heure pour évoquer les problèmes qui lui tiennent à cœur. Il invite les décideurs nationaux ou bien répond aux questions d’une marionnette journalistique.

Chaque jour entre 19 et 20, la voix de l’état résonne dans tous les transistors brésiliens. Toutes les radios (généralistes et musicales) sont obligées de diffuser pendant une heure les informations officielles transmises par la Palacio do Planalto.

La radio reste l’outil de propagande numéro 1 du gouvernement. La signal télévisuel ne parvient pas dans tous les foyers du Brésil ni dans les zones reculées de ce pays continental et la population n’a toujours les moyens (financiers ou intellectuels) de lire la presse.

Soyons sûrs que le Brésil reste une démocratie, le gouvernement utilise seulement des techniques de communication ancestrales qui sont sûrement amenées à disparaître d’ici quelques années. Ces techniques sont elles vraiment différentes de l’omniprésence médiatique présidentielle constaté en ce moment même dans l’un des pays de l’Union Européenne ?



Photo: Campagne RSF 2005

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