mercredi 13 février 2008

Déferlantes touristiques

Le voyage sur les routes du sud n’est pas encore fini. Le bus s’était arrêté à Blumenau sous la pluie et dans une ambiance teutonne. Il reprend sa route toujours plus au sud vers la capitale d’état du Santa Catarina : Florianopolis.

Entre terre et mer, Florianopolis est à cheval sur le continent et l’île de Santa Catarina. Petite ville de 300 000 habitants, on est très loin de la frénésie carioca. Tout ici est beaucoup plus calme. Le touriste trouve ici la tranquillité tant appréciée après une année de dur labeur au service du capital. Quand les congés de fin d’année approchent et que la chaleur estivale se fait sentir, Argentins, Uruguayens et Brésiliens empruntent les routes de la grande migration vers l’île aux 42 plages. Quatre ans après la grave crise économique qui a secoué l’Argentine, les touristes reviennent au prix d’un sacrifice financier. Une jeune touriste uruguayenne analyse froidement : « Avec le prix du pesos, je suis pas prête de revenir avant 2017. » Le coût du voyage n’arrête pas le flux permanent des hispaniques. Chaque jour, de nouveaux touristes posent leur valise dans l’une des innombrables maisons à louer. Aux abords du littoral, les villages de pécheurs se sont reconvertis en village de vacances. A chaque barrière, on trouve des pancartes indiquant que la maison est à louer pendant la saison. Certaines femmes au foyer installent une chaise sur le trottoir et passent la journée en face de la route espérant attirer un touriste n’ayant pas encore fait de réservation.
Sur la plage, l’écho ne renvoie que des extraits de discussion en espagnol. Les familles disposent les transats en cercle autour de la glacière et font tourner rituellement le chimarão qui permet de boire le maté. Repli communautaire ou phlébite douloureuse, les touristes se concentrent sur les 500 premiers mètres de plage, laissant les 13,5 kilomètres restants vides, libre aux solitaires et aux surfeurs d’en profiter. Florianopolis est d’ailleurs un spot réputé de surf dans le monde entier. Les vagues qui ont pris vie au milieu de l’océan viennent s’échouer sur le sable catarinense dans des rouleaux sonores. Les vagues atteignent facilement 80 centimètres, un mètre et les planches de surf ou de bodyboard s’y engouffrent avec plaisir.

Les autochtones ont préservé la tradition de pêche de l’île. Le matin, les pêcheurs font la tournée des restaurants avec la récolte du jour. A Ribeirão da Ilha, un village situé sur la côte en face du continent, on trouve des parcs à huîtres. Les eaux calmes sont propices à l’ostréiculture. Sur la plage, trois adolescents récoltent quelques coquillages sauvages.


Come Back

Les 30 heures de route qui relient Florianopolis à Brasilia sont une nouvelle découverte de la campagne brésilienne. Au nord du Parana, un panneau indique qu’ « Ici, l’Etat réalise son programme électricité pour tous ». Nouvel exemple de ce pays à deux vitesses qui installe le très haut débit et la Tv numérique dans les grandes métropoles alors que certains foyers ne sont pas encore relier au réseau électrique public. Dans l’état de São Paulo, la canne à sucre s’étend à perte de vue. On devine que ces champs dissimulent la misère. La production de sucre reproduit le modèle esclavagiste de la colonisation. De grands latifundios emploient une main d’oeuvre qui travaille dans des conditions exécrables dans un mépris total du respect du salarié.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Bonjour,
monsieur.