vendredi 22 février 2008

Cantonnales: Interview d'Hervé Couraye du Parc


Le candidat de la majorité départementale pour les élections cantonnales à Thiberville, Hervé Couraye du Parc, a déjà répondu à mes questions (je l'en remercie). Voici donc l'interview.


Comment réagissez vous à la proposition de la commission Attali de supprimer l’échelon départemental afin d’enrayer la multiplication des collectivités territoriales ?

Aujourd’hui les Départements ont pour mission principales l’action sociale, et notamment en direction des personnes âgées, et des personnes en situation de handicap, sans oublier la petite enfance, et les enfants en difficulté, mais aussi les routes, les collèges, tout ce qui touche à la vie quotidienne. Ce n’est pas un échelon nouveau, il date de la Révolution française, et a notamment dans les zones rurales une grande importance. Le conseil général gère également aujourd’hui les SDIS (les pompiers) pour la sécurité quotidienne, et dispose généralement d’un office HLM (dans l’Eure Habitat 27) pour le logement social. Il parait, vu de Paris (la capitale !), qu’il faut supprimer ce qu’ils appellent un échelon de trop, mais dans des zones comme les nôtres, le Département est le premier financeur des projets communaux (églises, centre-villes, bâtiments municipaux, installations sportives), souvent aussi des associations (clubs de personnes âgées, associations sportives, culturelles…), est-ce cela que l’on veut supprimer ? S’agit-il de détruire encore plus le service public ? Après la disparition des postes, des recettes du trésor, des DDE, parfois les fermetures d’école, voudrait-on désertifier des zones entières de notre territoire ?

Ce que je reproche à cette proposition c’est sa précipitation. Concrètement supprimer les départements ça veut dire quoi ? Supprimer les actions des départements ? Supprimer les compétences dont ils s’occupent ? Pour le remplacer par quoi ? par qui ?

La proposition de la Commission Attali (comme sur d’autres sujets) est hâtive, en plus contrairement à ce que l’on croit elle ne ferait pas baisser les dépenses, il y a des services qu’on ne peut supprimer sans remettre en cause des équilibres fondamentaux. Je prends un exemple, lorsque les départements favorisent l’aide à domicile des personnes âgées, ils retardent la prise en charge par des établissements spécialisés plus coûteux (parce que personnel médical permanent), ils favorisent le maintien d’un tissu social. Les dépenses engagées dans le maintien à domicile c’est autant de moins de dépenses qui ne sont pas supportées par la sécurité sociale dont on connait le déficit. Je suis donc opposé à cette proposition qui a tout de la « fausse bonne idée », parce qu’elle n’a pas été discutée, ni préparée. Imaginez que d’un trait de plume tout ce que font les départements soit supprimé du jour au lendemain, je pense que l’on irait tout droit vers un beau « pataquès ».

Comment jugez vous le bilan de Jean Louis Destans et de sa majorité depuis que la gauche dirige le département ?

Me réclamant de la Majorité Départementale, je trouve évidemment que le bilan est très positif. Pour moi le mérite principal du Président Jean-Louis Destans est d’avoir mis en œuvre de nouvelles politiques départementales innovantes, et qui permettent à notre département d’être dynamique, dans le respect des communes, des associations, des professionnels de tous les secteurs.

Une coopération avec le département du Calvados est elle imaginable à l’image de ce qui se fait avec le projet 276 ?

Les présidents des deux régions Basse et Haute-Normandie, Mrs Alain Le Vern et Duron se sont déjà engagés sur de nombreux sujets dans une démarche partenariale. Concernant le canton de Thiberville, limitrophe du Calvados, et ayant l’appellation « pays d’Auge » sur une partie de son territoire cela me semble indispensable. En tant que Conseiller général j’établirai des liens avec mes collègues du Calvados, pour que les dossiers communs de part et d’autre des frontières départementales soient traités collectivement. C’est du bon sens, et c’est indispensable.

La jeunesse euroise est obligé de quitter le département pour continuer ses études. Un pôle universitaire eurois complet et de qualité est il envisageable ?

Complet ? C'est-à-dire ? S’il s’agit d’offrir toutes les filières de formation possibles et imaginables, cela me paraît difficile. D’abord l’université relève de la compétence de l’état. La Région cependant est fortement impliquée dans le développement des pôles universitaires régionaux dont celui d’Evreux qui n’auraient pas vu le jour sans son soutien. Le département a accompagné la démarche. Je crois qu’on peut agir dans deux directions : 1) renforcer la filière universitaire ébroïcienne sur son domaine d’excellence, 2) permettre à nos étudiants de pouvoir faire de bonnes études dans l’université qui correspond à leur choix professionnel. Nous sommes proches de Caen, de Rouen, du Havre, et même de Paris. Mais avant l’université, il faudrait que nous rattrapions notre retard dans la formation initiale qui permet ensuite la réussite dans des études poussées. Ce n’est pas le département qui supprime des postes d’enseignant, alors que nous en avons besoin ! Et le rôle premier du département c’est assurer que nous ayons des collèges de qualité, permettant le meilleur enseignement possible.

La population est bien moins informée de l’action du département que celle de la région. Appuierez vous la renaissance d’un journal départemental ? Comment comptez vous informer vos administrés des actions du CG27 ?

Il existe un journal départemental « C’est l’Eure », peut-être est-il moins lu que celui de la Région, moi je lis les deux. Ceci dit, il faut veiller à ce que cet outil d’information soit utile et efficace, je suis preneur de toutes les suggestions pour améliorer cet outil d’information, et sa distribution.

En tant que conseiller général je rendrais compte de mon action, d’abord par des réunions publiques régulières qui me permettront de faire connaître mon action, ensuite probablement par une « Lettre du conseiller général » qui me permettra de faire savoir à toutes et tous les habitants du canton mon action en tant que représentant de ce canton.

Le canton de Thiberville est un canton vieillissant. Comment adapter l’aide sociale qui convient à la population ? Comment attirer une population plus jeune ?

La population va continuer à vieillir, on sait que c’est l’un des principaux défis de demain. L’APA permet déjà aux personnes perdant leur autonomie de disposer de services. De ce côté il faut « professionnaliser » l’offre, ce qui permet la naissance de nouveaux emplois non délocalisables. Il faut aussi se préoccuper des maladies handicapantes, comme Alzheimer, et prévoir à terme des résidences médicalisées permettant aux personnes touchées par cette pathologie de vivre dignement. Enfin des EHPAD ( Etablissements d’hébergement des personnes âgées dépendantes) devront voir le jour pour accueillir celles et ceux qui ne sont plus en capacité d’être autonomes du fait de leur grand âge. Mais la première des priorités est le maintien à domicile le plus longtemps possible, d’abord pour des raisons humaines, c’est toujours mieux de vivre chez soi, près de ses proches, ensuite pour les raisons que j’ai évoquées plus haut, et le coût pour la sécurité sociale des solutions d’assistance médicalisées.

Pour attirer une population plus jeune il faut à mon sens agir dans deux directions : 1) l’emploi, en favorisant le développement d’activités nouvelles. Ces activités peuvent être des activités de service, comme justement le service aux personnes âgées où en situation de handicap, mais aussi des activités de service touristiques, il existe là un vrai potentiel dans notre région que l’on doit accompagner et soutenir, 2) le logement, parce que si l’on veut rester dans le canton il faut pouvoir bien se loger. Or l’achat où la construction d’une maison est devenu très cher, les emprunts immobiliers ne sont pas toujours accessibles aux jeunes ménages, où aux jeunes célibataires. On doit donc pouvoir sur le canton disposer d’une offre en logements (en maisons individuelles, en petits immeubles de bonne qualité), permettant aux enfants devenus adultes de rester travailler au pays. J’ajouterais une troisième condition, le transport. Si l’on facilite et développe des moyens de transport permettant de rejoindre facilement Bernay, Lisieux par exemple, on permet le maintien dans notre canton d’une population jeune qui peut habiter ici, travailler ici, et se déplacer facilement.

Le canton de Thiberville est à mi-distance entre les pôles urbains de Bernay et Lisieux. Vers quelle ville, le canton doit il se rapprocher ?

Je crois que cela dépend du besoin. Et aussi des goûts ou envies personnelles. Certains vont travailler à Lisieux, d’autres à Bernay. Certains sont plus proches de Lisieux, d’autres de Bernay, et je rajouterai d’Orbec pour d’autres. Dans ce domaine on ne peut obliger les gens à aller dans une direction plutôt que dans une autre. Ce qu’il faut assurer c’est la présence de services publics sur le canton et non leur disparition. C’est la vitalité du commerce et non son asphyxie. C’est des activités culturelles, sportives enrichissantes. C’est une question d’équilibre, et de bien-vivre. Je crois qu’aujourd’hui les gens se déplacent plus facilement, mais l’essence est plus chère par exemple, il faut aussi tenir compte de l’augmentation des services fournis par internet, et la présence de l’autoroute a rapproché Rouen du canton. Dans les prochaines années il va y avoir un barreau en direction de Caen, et les transports par voie ferrée sont appelés à s’améliorer (les deux régions font de gros efforts dans ce sens). Finalement en fonction de ses besoins, de ses goûts, de ce que cela lui coûte, l’habitant choisira ce qui lui est le plus pratique, le plus agréable et le plus économique. L’essentiel c’est d’assurer dans notre canton une vraie qualité de vie.

Les médecins thibervillais sont proches de la retraite, le CG27 est il en mesure de mettre en place un programme pour attirer de nouveaux professionnels de santé dans les zones rurales ?

En tout cas c’est ce qu’il a décidé de faire. Il y a plusieurs pistes : 1) comment attirer de nouveaux médecins dans des zones comme les nôtres ? J’ai entendu que Mme Bachelot (ministre de la santé) avait comme intention de favoriser l’implantation en zone rurale des jeunes médecins, le département réfléchit à un dispositif permettant d’inciter l’installation de jeunes médecins, 2) les attirer c’est bien, il faut aussi qu’ils aient des locaux, là aussi le département met en place un dispositif permettant la création de maisons « médicales » facilitant l’installation de nouveaux médecins dans les zones en difficulté de ce point de vue. Il va falloir effectivement prévoir des solutions attirantes si l’on veut faciliter la vie des gens vivant sur place, c’est ce qui est prévu, peut-être faudra-t-il aller plus loin, en tout cas j’ai bien l’intention d’être attentif et actif sur ce point-là, parce qu’un pays sans médecin, comme un pays sans école, est un pays qui meurt.


Photo: Hervé Couraye du Parc en compagnie de Jean Louis Destans. DR http://hervecourayeduparc.hautetfort.com/

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Allez Hervé!!! J crois qu'il fait une bonne action et j'éspère qu'il faut sortir gagnant!! (vivement le 6 mars ) et par ailleurs il y aurait une troisième liste pour les contonnales!
Lagoute69!!