lundi 17 mars 2008

Question de peau


C’est au cours d’une conversation avec un couple canadien que le mot « racial democracie » est apparu pour parler des quotas et de la représentation des différentes ethnies au sein de la société. Ils voulaient savoir si le Brésil pratiquait les quotas.

« Brasil um pais de todos ». « Brésil, pays de tous » La devise nationale se veut un message d’ouverture dans ce pays d’immigration et de mélange. Les paroles sont belles mais la réalité est tout autre.
Depuis sa découverte par les européens au quatorzième siècle, le Brésil accueille des immigrants de toute part. Les indiens se sont retrouvés confronté aux européens (vagues d’immigration successives de portugais, d’espagnols, de français, de hollandais, d’allemands et d’italiens). Ces derniers, après avoir exterminé la main d’œuvre indigène, ont exploité les africains comme esclave. Puis au milieu du XIX ème siècle, les premiers asiatiques ont débarqué sur le littoral atlantique (São Paulo, deuxième communauté japonaise au monde après Tokyo). Chaque groupe n’est pas resté dans son coin à vivre en autarcie, la nature humaine a fait que chacun s’est mélangé dans les autres communautés.
L’occident n’imagine pas le « brésilien type » avec une peau blanche et pourtant c’est bien la communauté blanche qui est la plus présente dans les sphères politiques, médiatiques et économiques. Elle est même quasiment la seule à être représentée. On peut expliquer cela en partie à cause de la position dominante qu’ont eu les blancs depuis la colonisation mais encore aujourd’hui très peu d’effort sont faits pour que le Brésil propose une image de lui identique à sa réalité.
En politique, tous les présidents de la république ont toujours été issus de la communauté blanche. Très peu de ministres (il y a bien Gilberto Gil), de sénateurs et de députés sont de couleurs.
Le plus marquant reste le secteur médiatique (où l’image est reine). Les journalistes de toutes les chaînes hertziennes sont blancs. Un seul métis fait office de remplaçant pour le journal du soir de Globo. Lorsque la huitième saison de Big Brother a commencé, le casting n’offrait qu’un seul noir. Tous les autres avaient les traits européens. Curieux pour une émission à succès qui cherche à capter le maximum d’audience parmi toute la jeunesse brésilienne. Le plus cocasse vient de la novela star du moment Duas Caras : l’histoire se passe dans l’une des favelas de Rio mais tous les acteurs sont blancs à l’exception d’un seul. Les proportions ont été totalement inversées par rapport à la vérité du terrain.
Jusque là, le Brésil ne pratique pas la politique des quotas. La question de la représentativité des différentes communautés n’est pas posée. Les groupes de défense des noirs ou des indiens ou des asiatiques n’ont aucun écho extérieur. Seuls les indigènes ont le droit à certaines faveurs de la part des institutions publiques depuis que l’Etat ait reconnu le massacre dont ils ont été victimes.
Il serait faux de dire que le racisme existe dans la société brésilienne car on n’observe pas de rejet franc de l’Autre (comme le Front National l’exprime en France) par contre on peut parler de ségrégation.

Photo: crédit www.mamakk.com

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Ce billet aurait pû concerné l'Afrique du sud, où, avec quelques décénies de retard, on observe les mêmes comportements.