La colère gronde dans les couloirs de l’UnB. Une affaire de détournement de fonds et de corruption met la communauté universitaire en émoi et provoque la colère des étudiants. Une première assemblée générale a eu lieu hier, « ce n’était pas arrivé depuis longtemps » se félicite Louisa Oliveira.
Les premières informations ont été sorties par les médias en pleine torpeur estivale. Une commission d’enquête parlementaire révéla que l’argent destiné à la recherche, et regroupé par des fondations d’aide à l’UnB, avait permis de financer la décoration de l’appartement de fonction du recteur.
L’UnB regroupe six fondations privées dites « d’aide ». Ces organismes ont pour tâche de concentrer les deniers privés que les entreprises brésiliennes versent à l’université pour qu’ils soient investis dans la recherche publique. Le système universitaire public brésilien permet l’investissement privé. Pour exemple, l’un des laboratoires du département réseaux et télécoms est entièrement équipé et entretenu par Dell, la multinationale informatique. (En France, Dell aurait le droit d’équipé un laboratoire entier en s’acquittant de la taxe d’apprentissage via un don matériel mais la maintenance reviendrait aux fonctionnaires de l’université)
Alors que le débat sur l’investissement privé dans les université publiques pointe son nez, l’une des fondations de l’université de Brasilia est particulièrement pris pour cible. La FINATEC (Fundação de empreendimentos cientificos e tecnologicos) est accusée de détournement de fonds. « Des cents millions de reais que la fondation gère tous les ans depuis trois ans, seulement 750 milles ont été destiné à la recherche selon le ministère public chargé de l’affaire. » [1] L’argent aurait servi à payer des chaussures, des portes documents en cuir, les notes de restaurants et d’hôtels, des voyages et même de la bière.
Le recteur de l’université de Brasilia, Timothy Mulholland, a aussi profité des faveurs de la FINATEC. Il aurait reçu plus de un demi million de reais pour refaire luxueusement la décoration de son appartement de fonction. Parmi ses notes de frais on retrouve l’achat de trois poubelles coûtant chacune 900 reais, des tableaux de valeur pour un montant de 21 600 reais, et 36 603 reais pour l’achat d’équipements de son et de Tv. Toutes ces dépenses auraient pu financer 1500 bourses d’initiation scientifique ou l’achat de 400 ordinateurs [2].
La résistance se met en place
Toutes ces dépenses passent très mal au sein de la communauté universitaire. Le campus de Brasilia vieillit mal et manque d’équipements, la cité universitaire tombe en ruine et les dernières réformes prévoient l’augmentation du nombre d’étudiants sans l’augmentation proportionnelle du nombre de professeurs et de fonctionnaires.
Trois jours après la rentrée universitaire, les étudiants organisent la première assemblée générale pour prendre position. Les étudiants issus de divers groupes se succèdent au micro mais tous réclament la même chose « démission immédiate du recteur Timothy ». Trois cents étudiants se sont regroupés dans l’entrée principale du campus pour faire le point. Tous sont choqués par le train de vie du président de l’université quand beaucoup d’entre eux rencontrent des difficultés pour payer leurs études. Beaucoup d’élèves ne sont étudiants que depuis le début de la semaine, la première assemblée générale est l’occasion d’informer le plus grand nombre. Le quorum n’est pas atteint donc aucune décision ne peut être prise.
Les esprits sont réveillés. Les vacances sont finies. Les plus motivés savent qu’ils ne sont qu’au tout début d’une longue lutte. Devant le rectorat, où les étudiants se sont regroupés symboliquement pour faire entendre leur voix, ils crient « Amanha sera maior » (Demain sera plus important).
[1] – InformANDES, journal du syndicat des membres des institutions de l’enseignement supérieur
[2] – Note du CONLUTE, syndicat étudiant
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