vendredi 24 juillet 2009

[2] Le début de la fin ? Menace de censure

Alors qu’au Venezuela, on « célèbre » le second anniversaire de la fermeture du canal RCTV, et qu’une autre chaîne est menacé à son tour en compagnie de 200 radios, Rafael Correa est en train de prendre exemple sur son collègue vénézuelien en ce qui concerne la politique médiatique.

Les Simpsons, danger public ? Du haut de son arbre où il a édifié sa cabane, Bart doit bien rire. C’est pourtant l’une des conclusions du CONARTEL, organisme de régulation des communications et des médias d’Equateur. Après le capitaine Wigum, voila Antonio Garcia, délégué du président à la tête de l’institution qui poursuit la terreur de Springfield. En compagnie de Sangoku, l’un des personnages de Dragon Ball Z, Bart Simpson est accusé de participer à un programme non adapté à la classe d’âge auquel on le destine. Pour cette raison, le CONARTEL envisage de l’expédier en dehors de la plage horaire familiale (6h – 21h) de la télévision équatorienne tout en menaçant ses diffuseurs de sanctions bien plus importantes.
Ces dernières semaines, Rafael Correa est en colère contre les médias. Le président n’a pas supporté la contestation de la part des médias dont il a été victime pendant la campagne électorale (ce qui ne l’a pas empêché d’être réélu au premier tour). Les médias de droite n’ont pas été complaisants envers le président équatorien. El Universo, journal de Guayaquil à diffusion nationale, avait prouvé à l’occasion d’une enquête, comment le président et l’alliance Mi Pais monopolisaient le temps de parole dans les médias publics. Le CSA local avait d’ailleurs dû réprimander le chef de l’Etat lorsqu’il utilisait son émission hebdomadaire pour critiquer ses adversaires.
Le crime de lèse majesté est venu de TeleAmazonas, principal canal indépendant et diffuseur des Simpsons. Une fois les urnes scellée alors que l’heure était au comptage des voix, les journalistes du canal 4 ont annoncé qu’un centre de comptage clandestin avait été découvert dans l’état de Guayas, ce qui laissait planer un doute sur la transparence des élections. L’information a été reprise par tous les médias avant qu’on s’aperçoive que l’info était bidon. Cet élément qui s’ajoutait à la ligne éditoriale clairement anti-Correa de la chaîne a été la goutte d’eau qui fit déborder le vase et le CONARTEL engagea une procédure de suspension d’émission à l’encontre de TeleAmazonas. A l’heure actuelle, la procédure est toujours en cours. Les salariés de la chaîne se mobilisent en compagnie d’une poignée de citoyen pour que l’indépendance vive.
Média menteur parmi la masse, TeleAmazonas mérite sûrement d’être sanctionné pour les bobards qu’elle raconte aux équatoriens, il est à se demander si une suspension est vraiment judicieuse. Automatiquement cela retiendrait l’attention des associations défenseuses des droits de l’homme du monde entier, Rafael Correa aurait tout à perdre d’une médiatisation mondiale similaire à celle que vécut Hugo Chavez lors de la suspension de RCTV. Le caractère « citoyen » de sa révolution recevrait par la même occasion un sacré coup de plomb dans l’aile.

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