jeudi 23 juillet 2009

Le début de la fin ? Le conflit avec les syndicats de l’éducation

Fin juin des problèmes techniques m'ont empécher de publier tous les articles prévus pour le blog. Le sujet restant d'actualité, je met à jour les publications avant de commencer le récit des déambulations sur la terre de Atahualpa et Francisco Pizarro.


Depuis sa première élection en 2006, Rafael Correa profite d’une vague de consensus qui jusque là l’avait porté dans tous ses projets de réformes. En 2007, la nouvelle constitution fut votée majoritairement par referendum, et sa réélection au premier tour des présidentielles cette année fut une nouvelle preuve de sa popularité. Cette réélection fut aussi les prémices de la contestation.

La révolution bolivarienne comme la conçoivent Chavez, Correa et Morales se construit avec les mouvements sociaux et une base populaire élargie. Evo Morales en Bolivie est arrivé au pouvoir grâce aux mouvements indigènes, aux syndicats et aux associations de producteurs de coca. Correa a fait de même dans son pays en utilisant les luttes ouvrières comme un tremplin.

En Equateur, le mouvement indigène a toujours soutenu le président en revendiquant son indépendance. Pachakutik, le principal parti indien fait partie de l’alliance gouvernementale mais ses représentants ainsi que ses électeurs font toujours valoir leur liberté de parole en distinguant politique nationale et gouvernance locale.

Chez les syndicats, les professeurs sont rentrés en conflit avec le gouvernement peu de temps après le 26 avril. La volonté présidentielle d’évaluer les compétences des maîtres n’est pas bien passée auprès des principaux concernés. Il s’agit d’une évaluation couperet qui implique une expulsion au cas où le professeur n’obtiendrait pas la moyenne. La mesure est radicale. Elle a le mérite de ne pas se montrer complaisante à quelques semaines de la déclaration officielle « Equateur, territoire libre de l’analphabétisme » tout en poursuivant la « révolution » au sein de l’Education Nationale, l’un des principaux objectifs du gouvernement de Correa. L’UNE, principal syndicat de professeur, s’est immédiatement opposé à cette décision qui relevait de « l’arbitraire » selon elle. Dans toutes les capitales provinciales, le syndicat a organisé des manifestations amplement suivies pour encourager l’évaluation de leur travail mais aussi la formation continue en cas d’échec. Le gouvernement a fait la sourde oreille et les premières épreuves ont eu lieu sur la Côte (dans les Andes, elles auront lieu en octobre). Il a aussi déployé une importante campagne médiatique pour faire barrage à la contestation. Sur tous les canaux de télévision et en particulier pendant les matchs de foot (pics d’audience), les spots se sont enchaînés pour rendre compte du travail du gouvernement en matière d’éducation tout en promouvant les actions futures. L’UNE intégrait par la même occasion la « mafia » anti gouvernementale (terme utilisé depuis le début pour caractériser les anciens dirigeants responsables de la dette extérieure, les instances corrompues, et ceux qui s’opposent à la « révolution citoyenne »).

Le bras de fer se poursuit entre les professeurs et le gouvernement mais ce dernier est en passe de gagner une bataille. La mobilisation s’est peu à peu essoufflée au fil du mois de juin face à la pugnacité du ministère qui n’a rien lâché pendant les négociations avec les syndicats.

credit photo: el telegrafo, juin 2009

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