Après le mouvement étudiant de 2006, le gouvernement Villepin mettait en place une comission de reflexion à propos de la professionalisation des universités. Le rapport Hetzel, car c'est de lui qu'il s'agit, ouvrait d'ores et déjà les portes des facultés aux entreprises. Morceaux choisis
« Nos principales préconisations visent à améliorer, à tous les stades, l’information des étudiants et à les aider à construire progressivement leur parcours d’insertion vers le monde du travail. Nous visons l’efficacité des poursuites d’études dans l’enseignement supérieur, en terme d’insertion professionnelle, en cohérence avec les besoins des futurs employeurs comme avec les aptitudes et les aspirations des jeunes concernés. (p10)
La professionnalisation des parcours universitaires s’impose à toutes les universités. Elles doivent effectuer plus d’efforts pour adapter leur offre de formation et proposer des cursus plus directement valorisables dans le monde du travail. (p35)
Rendre obligatoire dans toutes les licences, un module projet professionnel personnalisé pour l’année universitaire ainsi que l’acquisition de compétences de base dans trois domaines : 1. la maîtrise d’une langue vivante étrangère, 2. l’informatique et les outils bureautiques, 3. la recherche d’un emploi (rédaction de CV, entretien d’embauche, etc.), la connaissance des secteurs économiques et proposer un parcours professionnalisé en troisième année de licence (L3). L’objectif est clairement de favoriser l’acquisition par les étudiants d’outils de professionnalisation. Cela permettra à chaque étudiant d’ajuster ses orientations dans la perspective des emplois qu’il vise tout en tenant compte des compétences acquises. (p36)
Au Japon et en Grande-Bretagne, des universités favorisent l’implication directe des entreprises dans la définition du contenu de certains cursus ciblés sur les besoins de l’économie. A titre d’exemple, Ford a créé, avec l’université de Loughborough en Grande-Bretagne, un Bachelor of Science en logistique des approvisionnements dans le secteur automobile. Ce partenariat a débouché sur la création d’un centre « Ford » sur le campus de l’université, les formations sont dispensées à la fois par des universitaires et des cadres de Ford.
En France depuis plus de 12 ans, le groupe Véolia Environnement développe une politique partenariale avec plusieurs universités. Aujourd’hui à travers un master et une licence professionnelle préparant aux métiers des services à l’environnement ce sont plus de 170 étudiants qui bénéficient chaque année de ces dispositifs (en contrat d’apprentissage ou en formation continue) avec un taux de réussite aux diplômes de l’ordre de 95% et un recrutement automatique en CDI pour les apprentis reçus aux diplômes. L’ingénierie des cursus et les enseignements sont assurés par les universités et les intervenants du groupe Véolia Environnement. (p38)
A titre d’exemple, actuellement au sein des académies, il existe pour le second degré scolaire, des ingénieurs pour l’école, qui sont mis à la disposition des académies par leurs entreprises dans le but de permettre une meilleure connaissance du monde professionnel et le développement actif de partenariats. Un dispositif similaire mérite d’être étudié pour l’université.
De plus, il est souhaitable de mettre au point un dispositif réglementaire permettant aux universités d’établir des contrats avec les entreprises afin que ces dernières puissent mettre à la disposition des universités, selon des modalités à convenir, des collaborateurs dont le rôle serait aussi de permettre d’intervenir dans les cursus des étudiants afin de contribuer activement à leur professionnalisation (p39)
A l’instar de ce qui se fait déjà en Italie, il serait sans doute opportun d’inciter les universitaires qui le souhaitent, à consacrer quelques années à la recherche appliquée en entreprise. Cela est notamment possible par le développement des aides à la mobilité. Certes, la loi sur l’innovation le permet déjà mais cela n’est, pour l’heure, que très insuffisamment pratiqué.
De même, implanter des entreprises à proximité immédiate des campus universitaires peut être une solution astucieuse pour créer des synergies. Lier la question de l’évolution universitaire à la thématique générale de l’aménagement du territoire et du développement économique avec l’implantation des entreprises est très souvent pratiqué aujourd’hui au Japon, au Canada et aux Etats-Unis. Le plus bel exemple de cette démarche est évidemment le site de Stanford où université et entreprises ont oeuvré en synergie pour le développement de la Silicon Valey. Il en découle une économie californienne très performante en électronique et en informatique.
Une opportunité très importante existe actuellement en France au travers de pôles de compétitivité. Ils sont une occasion unique de rapprocher durablement la recherche et les entreprises, il est important que les universités y prennent pleinement leur place. A cet égard, l’exemple de Limoges est très intéressant puisqu’un site spécifique intitulé Ester a pour vocation de réunir géographiquement des entreprises innovantes, des laboratoires de recherche et des lieux d’enseignement universitaire. (45)
On voit émerger de véritables marques universitaires mondiales. La valeur de ces marques est liée à une histoire, à la qualité de l’enseignement et des recherches, au nombre d’étudiants diplômés chaque année, à la diversité de ces étudiants et à leur taux d’insertion professionnelle. Tout le monde connaît le MIT, Harvard, Stanford, Oxford, Cambridge, Heidelberg, Louvain mais aussi de plus en plus Tokyo University, Tsinghua à Pékin ou encore Fudan à Shanghaï. De la France, à l’étranger, on connaît surtout la Sorbonne. Ce nom a un prestige immense partout dans le monde mais il s’agit désormais plus d’un bâtiment que se partagent quatre universités et le rectorat de Paris que d’une université unique et de plein exercice […] Il est essentiel que les présidents d’université, entourés d’une équipe, prennent cette problématique à bras le corps. Il est capital que nos universités communiquent davantage sur leurs points forts, publient leurs résultats en matière d’activité de recherche, d’enseignement, de suivi des étudiants. (p48)
L’embauche d’un jeune diplômé est un investissement sur l’avenir pour les entreprises et elles le reconnaissent volontiers, insistant même fortement sur le fait que leur souci est bien de les garder et non pas de les perdre. Les entreprises auraient donc largement intérêt à construire, avec les universités, des parcours d’intégration et de lutte contre la précarité pour assurer davantage de sécurité aux jeunes. Il est important que ces derniers puissent avoir confiance dans les entreprises susceptibles de les embaucher. (p50)
• S’impliquer pleinement aux côtés des universités pour la construction des diplômes professionnels du LMD mais aussi pour professionnaliser les diplômes plus généralistes
• Mobiliser leurs cadres, actifs ou retraités, pour toute une série d’activités devant les étudiants telles que des conférences, des participations à des modules de formation ou à l’aide à la construction des projets professionnels des étudiants
• S’engager dans un travail de fond sur la connaissance des réalités de l’entreprise et de l’économie de marché (sur le mode de ce que fait l’Institut de l’entreprise présidé par Michel Pébereau) mais de manière encore plus systématique
• Recourir davantage à l’Université pour satisfaire les besoins en formation continue de leurs équipes
• Contribuer à mettre en place en plus grand nombre des « semaines université /entreprise », telles qu’elles existent déjà à certains endroits
Les représentants des employeurs demandent des interlocuteurs attitrés et disponibles, des engagements institutionnels de long terme et la bonne exécution des contrats signés. Il est important de noter que les différents intervenants ont toujours pris soin de préciser le caractère essentiel de la formation générale à tous les niveaux de qualification et que leur offre de service en direction des universités se limite aux domaines des compétences et des comportements et en aucun cas à celui des connaissances qui appartient en propre à l’Université. Il n’y a donc aucune volonté de « mélanger les genres » comme le craignent certains représentants des enseignants. (p54)
La création de chaires d’entreprises au sein des universités permettrait aux entreprises de participer plus activement à l’évolution des savoirs et à la formation des étudiants en leur apportant les réalités du monde économique, la connaissance des évolutions technologiques et des compétences mises en oeuvre pour tenir sa place dans la compétition mondiale. (p56) »