lundi 25 juin 2007

Vers une université privée... de tout

A l'occasion de la réforme sur l'autonomisation des universités, je publie un entretien avec Daniel Viard le chargé des relations industrielles de l'ENSSAT, école d'ingénieur de Lannion. Entretien réalisé en janvier dernier.


Les entreprises interviennent elles au sein de l’ENSSAT ?

Daniel Viard: Les professionnels n’interviennent que dans les enseignements et pas la recherche qui fait l’objet de relations conventionnées avec un laboratoire ou une personnalité particulière. Nous mettons à disposition nos laboratoires à des organismes publics ou à des entreprises privée. Nous contrôlons toutes les recherches effectuées dans nos murs. Importance des conventions puisque des recherches ont lieu sur des sujets très sensibles comme l’armement.

Dans le conseil de perfectionnement et dans le conseil d’administration il y a des industriels et des représentants syndicaux du personnel.

Comment sont élaborées les conventions entre entreprises et école ?

Daniel Viard: Les contrats entre entreprises et école s’effectuent par un contact avec un industriel qui est validé par le laboratoire concerné. L’industriel monte un cahier des charges (moyens, temps, coût), un budget. Le matériel n’est pas en accès libre pour les industriels, ils n’y ont accés qu’après la signature du contrat. Quelques entreprises s’installent temporairement dans les locaux de l’ENSSAT, toujours sous le contrôle des chercheurs de l’école. Ces contrôles sont nécessaires à la maintenance du matériel et à la préservation des règles de confidentialité concernant certaines recherches sensibles. Nos chercheurs se déplacent dans des laboratoires privés dans le cadre de conventions avec les entreprises. L’école n’a pas vocation à mettre un plateau technique à disposition en libre-service. Le laboratoire fait un suivi contrôlé. Tout ce qui ne rentre pas dans les contrats est financé par le public pour un budget total de 2M euros.

Comment est recueillie la taxe d’apprentissage ?

Daniel Viard: Pour la taxe d’apprentissage, nous disposons d’un mailing de plus de 500 entreprises. Cela représente 80 000 euros sur les 6M de budget. Nous construisons les relation sur le long terme entre l’école et l’entreprise. On envisage d’avoir recours aux étudiants étant donné que le réseau des anciens élèves est déjà mis à contribution pour la collecte.

Quels liens entretenez vous avec l’Adit (agence de développeent industriel du Trégor) ?

Daniel Viard: Il existe de très forts liens entre l’Adit (agence de développeent industriel du Trégor) et l’ENSSAT. Nous organisons la journée de la création d’entreprise avec l’Adit ainsi que des colloques de recherche et le forum de l’école. Les rencontres sont très fréquentes et la communication est quasi permanente mais cela ne concerne quasiment pas la recherche de stage. Nous avons créé un incubateur d’entreprise. L’Adit est le point d’entrée d’un projet de création et de financement d’une entreprise en innovation. L’ENSSAT participe à ces projets en fonctions des possibilités de stages et de contrats de recherche dans les laboratoires. L’ENSSAT fait partie intégrante du pôle de compétitivité du Trégor. Les entreprises ont besoin d’entretenir des relations avec les écoles ce qui leur permet de connaître le niveau de savoir des futurs employés et stagiaires. Les stages peuvent être une passerelle vers un emploi (pré embauche).

Les entreprises qui versent la taxe d’apprentissage influencent elles la politique d’équipement de l’école ?

Daniel Viard: NON ça ne serait pas acceptable, les entreprises ne vont pas infléchir sur ces décisions. La taxe d’apprentissage ne finance pas les laboratoires seulement les équipements pédagogiques

Les chaires d’entreprises sont elles l’avenir des universités ?

Daniel Viard: Les chaires d’entreprises sont une notion moderne qui n’est pas la politique actuelle de l’école par contre elle est envisageable dans le futur. Nous demandons aux entreprises d’analyser leurs besoins puis l’école envisage un programme pédagogique et elle peut créer une nouvelle option pour faciliter l’intégration dans le marché du travail. Les entreprises ont un rôle avec un droit de regard sur les cours. Elles émettent un avis en fonction du marché de l’emploi. Il existe une sphère d’influence pour modifier le contenu d’un enseignement. Ces chaires sont de bonnes solutions qui vont influer sur la politique future de l’école.

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