« Vous voyez cet homme là-bas, celui qui boite et qui ramasse les boites de métal : il a une vie bien dure. Je vais aller prier Dieu pour qu’il le soulage… » En attendant le bus, une femme entame un monologue à mon égard. Quelques heures plus tard, un autre bus passe devant la cathédrale métropolitaine de Brasilia, pieusement un passager se signe.
Autre culture, autres mœurs et il faut dire qu’en matière de religion le contraste entre la France et le Brésil est saisissant. Dieu est omniprésent dans ce pays qui compte 73,6% de catholiques et 15,4% de protestants (toutes confessions évangéliques comprises). A Brasilia, chaque quadra a son église évangélique : baptistes, méthodistes et autres confessions aux noms lyrique. Le lieu de culte peut bien sur prendre la forme d’un bâtiment de plein pied au milieu des immeubles. Il peut aussi se dissimuler entre une salle de musculation et un tatoueur en pleine quadra commerciale.
Le Brésil étant un état catholique, il n’est pas étonnant de retrouver la religion à tous les échelons de l’administration. Le plus marquant reste tout de même le crucifie géant qui domine l’hémicycle du Sénat. Dans la pratique quotidienne de la politique, la religion n’est pas seulement un symbole au milieu du Parlement, c’est aussi un nombre impressionnant de groupes de pression qui s’activent pour que la morale chrétienne soit respectée. Ainsi l’avortement est toujours interdit (la morale populaire n’est sûrement pas prête à accepter cet acte médical non plus). La dernière prouesse de la part d’un lobby religieux est à attribuer aux évangéliques qui sont parvenus, il y a quelques années, à fériariser un jour du calendrier du District Fédéral (état de Brasilia) en leur honneur. Mécontent du fait qu’on célébrait en permanence les fêtes catholiques, ils sont parvenus à obtenir un jour férié en leur honneur (Dia dos evangelicos). Le 30 novembre prochain est donc férié dans la capitale pour célébrer la religion d’une partie de la population.
La chrétienté est, bien sur, très importante mais ce qui est marquant c’est la foi en générale des Brésiliens. Edouardo réagit à l’athéisme de ses amis français « c’est pas possible, tu dois bien croire en quelque chose. Chrétien, musulman, juif ou autre chose… tu ne crois en rien ? Mais comment tu fais ? » Les différentes vagues d’immigrations ont réussi à créer de curieux mélanges entre les croyances « indigènes » issues des indiens et des esclaves africains, les religions monothéistes venues d’occident et les religions asiatiques (souvent polythéistes). Edouardo se retrouve donc dans une croyance issue d’un de ces croisements.
Le respect est de mise entre tous les croyants pour peu qu’il soit réciproque. Face à la pitié de certains, les attaques frontales pourraient ressembler à des attentats suicides. On peut tout de même être surpris voir choqué par l’influence des cultes dans la société. Par moments certaines positions ressemblent plus à de l’embrigadement voir de l’aliénation tellement le message est répété avec force et violence par les prêtres, pasteurs et autres guides spirituels.
Photos: Cierges déposés au pied de la cathédrale de Brasilia (crédits perso)
1 commentaire:
"Le seigneur et grand et nous sommes petit". Ce ne serait pas le titre d'un tubes des Beatles période granit rose ?
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