mardi 20 novembre 2007

"Nos stagiaires en contrepartie du versement de la taxe d’apprentissage "

Alors que le débat sur les universités fait rage en France, je ressors une interview réalisée en début d'année lors d'un embryon d'enquète sur les relations entre les entreprises et les universités. Le premier épisode avait été publié ici même en juin dernier.
Rencontre avec M. Gibassier, chef du service industriel à l’IUT de Lannion.

L’IUT a signé des conventions de partenariat avec des entreprises à l’occasion de l’ouverture du DUT GTR en 2003 puis de la LP ISVD en 2005, en quoi consistent ces conventions ?

Ces conventions sont des contrats moraux entre l’IUT et les entreprises pour favoriser les différentes filières. On leur montre la qualité de nos enseignements et de nos stagiaires en contrepartie du versement de la taxe d’apprentissage, d’interventions de professionnels pour des cours ou des avantages particuliers comme le don d’anciens matériels ou des tarifs spécifiques chez nos principaux fournisseurs. Nous pouvons aussi faire de la formation continue pour les salariés des entreprises partenaires. Ces relations formalisées facilitent l’intervention de professionnels pour des cours, ce qui est une de nos obligations inscrites dans le programme pédagogique national, mais eux ne sont pas obligés de répondre à nos attentes. Ces intervenants dispensent 5% des cours en R&T, mais ils représentent plus de 50% des effectifs. C’est un apport important qu’il nous faut stabiliser et ces conventions nous aide en cela.

Comment se passe la collecte de la taxe d’apprentissage ?

Nous disposons d’un mailing avec une centaine d’adresse sur toute la Bretagne. Nous avons des contacts avec toutes les entreprises de notre secteur (réseau et télécoms) que nous avons récupéré au fur et à mesure des stages des étudiants et par la réputation de la formation et de la ville dans les télécoms. Aujourd’hui les entreprises donnent de moins en moins directement, elles passent par des organismes collecteurs comme de CRCI qui dépend de la Chambre de Commerce et d’Industrie (CCI) qui redistribue par la suite entre tous les établissements. Nous pourrions avoir un réseau plus important, mais nous manquons de temps pour le faire. Pour l’instant nous ne sollicitons pas les étudiants actuels et anciens. Nous n’avons pas une connaissance assez poussée des anciennes cohortes pour accomplir ce genre de sollicitation. Mais cela peut s’envisager d’ici quelques années.

Les entreprises qui versent la taxe d’apprentissage influencent elles la politique d’équipement de l’IUT ?

Non, l’utilisation de ces fonds n’a absolument aucun rapport avec la source. L’IUT est autonome dans ses décisions. Par contre la taxe d’apprentissage peut être versée par un don de matériel.

Comment les entreprises ont-elles accès au plateau technique de l’IUT ?

On a des équipements qui peuvent parfois correspondre aux services recherche et développement de certaines firmes. Elles peuvent y avoir accès en signant une convention avec l’IUT. Les contreparties ne sont pas chiffrées, mais on les sollicite ensuite en ce qui concerne la taxe d’apprentissage, la venue de professionnels. Il s’agit d’un échange de service. Les laboratoires favorisent le brassage et l’intégration des étudiants dans le territoire local.

Le site Internet de l’IUT parle de « relations plus formelles, plus ciblées, plus privilégié avec un certain nombre d’entreprises » en quoi cela consiste ?

Nous sommes principalement en relation avec les entreprises partenaires, mais le département Information Communication n’a pas de convention de partenariat par contre il entretient de bonnes relations avec les médias locaux.

On retrouve des chef d’entreprises parmi les conseils décisionnels de l’IUT. Ils sont présents au conseil d’université, au conseil d’institut et au conseil d’administration. Par exemple, le conseil d’institut est présidé par le président d’Alcatel University. On retrouve aussi des représentants des partenaires sociaux et des collectivités territoriales. Les professionnels siègent dans les jurys qui délivrent les diplômes. Ceci n’a rien d’aberrant. Je crois que vu la nature de la formation, il est important et nécessaire de développer des relations avec un grand nombre d’entreprises pour éviter de tomber dans le monopole avec une seule entreprise pourvoyeuse de financement, de collaboration, et d’emploi. Il faut garder l’autonomie de nos formations. L’aspect professionnalisant de l’IUT l’oblige à s’adapter aux besoins du secteur et à connaître ses débouchés. On ne peut pas travailler avec du matériel obsolète, c’est pour cela que nous orientons l’enseignement en fonction de l’innovation. On essaye de ne pas se trouver dépasser, mais nous ne réussissons pas toujours.

Quelles sont vos relations avec les institutions de développement économique (adit, CCI) ?

Tous ces organismes qui participent au développement économique sont en relation avec nous notamment en ce qui concerne la taxe d’apprentissage. Cependant la relation n’est pas directe, il n’existe pas d’incubateur d’entreprise, ou de rencontre étudiant – entrepreneur comme on peut avoir à l’ENSSAT. Les liens sont beaucoup moins forts.

Pourquoi avoir implanté une licence professionnelle spécialisée dans l’entretien des plates-formes pétrolières ?

Cette création vient du fait que de nombreux étudiants en Mesures Physiques trouvent un emploi dans ce secteur. Les entreprises ont besoin de compétences spécifiques et l’IUT a décidé d’enseigner ces savoirs. Il s’agit en réalité de la formalisation d’un besoin d’un secteur. Des entreprises du secteur qui nous versent déjà la taxe d’apprentissage ont exprimé leur besoin et l’IUT a construit un projet de diplôme après avoir étudié la pertinence de la demande. C’est la preuve qu’il y a des possibilités de développement en dehors des télécoms.

On commence à voir se développer en France des chaires d’entreprises, ces diplômes d’université financé par une entreprise, s’oriente t on vers un tel statut ?

Non, on ne va pas aller jusque-là. C’est en dehors de nos perspectives

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