mardi 25 août 2009

Le bain de sang de l'inquisition

On note tous les jours, en Amérique Latine, les effets destructeurs de la religion (ici ou la). En visitant Cuzco et ses environ, on explore un aspect plus historique où le sang Inca se mêle à l’eau bénite espagnole.



Francisco Pizarro n’a pas seulement envahit le Pérou avec une armée de fusils et de poudre censé mettre bas aux armes blanches des Incas. C’est avec une légion de prêtres et d’architectes qu’il avait, aussi, prévu imposer la domination espagnole.
La mort d’Atahualapa et des incas n’est pas seulement passée par le fil de l’épée. L’invasion du Pérou fut aussi le théâtre d’une guerre d’influence féroce à propos des croyances. Très vite l’avantage revint aux colons qui face à un peuple superstitieux ont su jouer des événements et de la situation pour avoir le dessus au niveau psychologique.
Dans l’église du Triomphe, on rend hommage à saint Jacques de Compostelle, « tueur de Maures » en Espagne suite à l’invasion arabe du Moyen-Âge qui s’est reconverti pour l’occasion en « tueurs d’Incas ». L’histoire raconte que les espagnols étaient assiégés, dans l’une des églises cusqueña, par les Incas en supériorité numérique et prêts à réduire au passé ces envahisseurs. L’orage, colère de la Pachamama, vint au secours des hispaniques qui en profitèrent pour sortir du toit la statue de saint Jacques, et en faire un nouveau dieu appelant au calme des indiens contre ses protégés à la peau blanche.
Différents ordres religieux se sont installés dans les Andes et tous voulurent avoir le leadership de la religion. Jésuites, dominicains et autres franciscains se livrèrent une lutte sans merci, la victoire passant par la hauteur du clocher. Pour cela, ils dépouillèrent de manière méthodique les temples incas. Alliant le recyclage à la domination, ils mettaient bas aux anciens cultes obligeant les indiens à se réfugier dans les églises pour continuer à honorer leurs dieux.
Il s’agissait avant tout de faire disparaître une civilisation. On décapitait les chefs en place publique pour annihiler les références hiérarchiques, on massacrait et terrorisait les peuples pour les rendre serviles et on démontait les temples pour effacer toute référence au passé.
Le massacre est là devant nous, face à ces églises faites de pierres magistrales et ces retables dorés à la feuille : ce qui reste des fastes de l’incas fondus dans les fours crématoires de l’histoire.


credit photo: J.S.N

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