samedi 15 août 2009

Mise à nue


L'exposition "Our Body à corps ouvert" a provoqué un large débat et une forte émotion en France. Des corps écorchés et coupés en tranches que l'on avait conservé avec une nouvelle technologies étaient exposés au public. Finalement elle avait été interdite par la justice au mois d'avril, faute de preuves sur l'origine des corps. A Lima lors de mon passage dans la capitale péruvienne, j'y ai mis un oeil...


En France, et plus particulièrement à Paris (puisqu'elle a été montrée à Lyon et Marseille), l'exposition "Our Body, à corps ouvert" a été interdite par une décision de justice. "Atteinte à la dignité humaine" ont dit les juges après que les promoteurs n'aient pu prouver l'origine des corps ainsi que leur consentement de leur vivant à donner leur corps à la science. Ensemble contre la peine de mort et Solidarité Chine s'étaient alors portés partie civile. Ils argumentaient, que faute de preuve contraire, les corps venaient probablement des couloirs de la mort chinois et l'on sait que la dictature chinoise ne rend jamais les corps des tués (sauf grosse contre partie monétaire de la part de la famille).


Visite de l'exposition Ourbody A corps ouverts
envoyé par rue89


En France l'affaire est close mais l'exposition (les expositions car plusieurs parcourent le monde) poursuit sa tournée mondiale. Rendez-vous donc à Lima.
On ne rentre pas innocemment dans cette exposition, on en a entendu parler et en tant que français, on sait les décisions prises sur sa terre. C'est d'ailleurs sur la pointe des pieds que l'on pénètre dans le sous sol culturel d'un centre commercial liménien pour observés ces corps ouverts.
On voit donc ces corps asiatiques disséqués, étirrés, mis en action sur un vélo. Chaque organe est dissocié du corps, un poumon par ci, un foie par là et entre les deux une vesicule biliaire. Soyons honnètes, le principe scientique est impressionant, voir le réseau sanguin dissocié du reste du corps et exposé face aux seul réseau nerveux, reste une prouesse scientifique qui nous fait comprendre beaucoup en général. On est confronté à des reins tricolores qui nous replongent dans les cours de sciences naturelles du collège. On plonge dans ses propres entrailles en oubliant parfois le parcours de celui qui est en face de nous. Les coupes horizontales et verticales d'un homme sont particulièrement instructives mais on manque cruellement d'explications approfondies. Les panneaux sont laconiques et les étudiants de médecine qui décrivent certains tableaux s'en tiennent à la description sans expliquer comment la machine humaine fonctionne.
D'ailleurs on parle d'hommes, pas de femmes si ce n'est lorsque l'on évoque l'apparail reproducteur.
Mais elle est là la réalité. On ne sait pas d'où viennent ces corps et les doutes sont puissants. A chaque pas c'est le corps d'un homme victime de la peine de mort que les autorités refusent de rendre à sa famille pour être inhumé dans la dignité. Les corps sont étrippés de toutes les manières possible pour rendre l'anatomie plus lisible et on est confrontés à des ouvertures incongrues dans le crane, ou la cage thoracique. Le regard fixe, ils croisent le notre, étrange sensation on se sent au musée Barnum. Voyeurs "pseudo scientifique" face à un "traffic humain" comme l'avait dénoncés les parties civiles françaises. Le malaise est encore plus présent face à un alignement de foetus à différentes étapes de la gestation.

En fin de visite, la petite phrase: " tous les corps vus au cours de cette exposition ont été traité avec dignité" sonne avec ironie. Le visiteur est entré en connaissance de cause mais la peine de mort n'est pas digne!


source et crédit photo: rue89

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