jeudi 20 août 2009

Une pile d'énergie sous un désert de sel

Il est peu d’endroit aussi inhospitalier qu’un désert de sel. La vie mène un rude combat pour se développer et les mineurs qui exploitent le sel du lac d’Uyuni payent un lourd tribu en travaillant une vie entière sur cette merveille du monde qui ne leur accorde, tout au plus 55 ans d’espérance de vie.


Une étendue blanche vierge, à l’exception des traces de pneus des 4x4 qui relient divers points de vue touristiques. Une plaine immaculée délimitée par des volcans qui ont cessé d’éruptionner il y a déjà plusieurs siècles. Et puis ce silence, quand un bus d’allemands ne vient pas le perturber.
Sur les rives de ce qui fut un jour la mer, mais qui est aujourd’hui un désert de sel, une source de lithium. Cet élément rangé au numéro 3 du tableau périodique est le nouvel or noir de notre planète et une promesse de bénéfices juteux pour la Bolivie dans les années à venir. Le lithium est présent dans toutes les batteries. Indispensable aux I Phones, appareils photos et ordinateurs portables. Le désert d’Uyuni abrite à l’ouest un puit dont on envisage l’exploitation. Les études sont pour l’instant en cours afin de prototyper une démarche scientifique qui lui permettra de capturer cette matière volatile. Une quelconque pensée environnementale ne devrait pas faire son irruption dans ce processus, la Bolivie est l’un des pays les plus pauvres d’Amérique du Sud, tout est bon pour faire de l’argent. On prétextera une hypothétique redistribution des richesses comme cela se fait depuis plus d’un siècle ici.
La ville d’Uyuni dispose d’une véritable culture minière. Les mines de sel aux abords du parc national sont exploitées depuis des années et la gare est un passage obligé pour les différents fret du pays qui se destine à l’exportation via les ports chiliens (la Bolivie ne dispose pas d’accès à la mer). On voit passé de l’or, de l’argent entre autre par la voie ferrée qui traverse cette petite ville.
Un peu en dehors de la ville, les guides touristiques font visiter le cimetière des trains un amas de ferraille datant des années 20 et 30, vestige industriel usagé, abandonné, tout juste bon à être rongé peu à peu par le vent et les effluves de sel qui attaque les carcasses de ces monstres d’acier. La technologie faisant son chemin, on a préféré de nouveaux moteurs à ces vieilles locomotives et plutôt que de réutiliser la matière première on les a laissé s’enfoncer doucement dans le sable.
La technologie reste le nerf de la guerre dans le secteur minier, une épine dans le pied des politiques. La majorité des puits appartienne encore à des multinationales étrangères (japonaises et canadienne). Evo Morales président a lu de jolis discours empreints de nationalisme et de nationalisation mais il a dû se rendre à l’évidence : l’état bolivien n’a pas les moyens de subvenir à la maintenance haute technologique dont ont besoin les mines. Il doit ranger ses intentions bolivariennes pour conserver ses royalties.
La technologie est au service du produit, pas de l’ouvrier. On enrichit le sel d’Uyuni en iode pour qu’il soit bon à la consommation mais personne ne vient en aide à ceux qui l’exploite dès l’adolescence et qui passent leur vie dans cet univers minéral hostile qui permet tout juste à quelques flamands roses de se nourrir via des micro-organismes.

credit photo: perso

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