lundi 10 août 2009

Quand l’Inca s’habille en Quetchua

Qui n’a jamais rêvé de fouler l’herbe du Machu Pichu, ou bien d’observer le vol du condor dans la Cordillères des Andes ? Le rêve collectif encourage beaucoup de voyageurs à passer des photographies de Géo au billet d’avion pour Lima puis Cuzco. Justificar
Les premiers bus arrivent à Chivay vers 7h du matin. Le village est une étape avant le Canyon de Colca d’où on peut observer les condors, espèce en voie d’extinction. L’endroit en extrêmement prisé au point que les agences de voyage sont légion à Arequipa et occupent des rues entières. A force de proposition, le touriste cède à la tentation et pars en excursion. La température ne dépasse pas les 8°, un groupe d’enfant danse autour de la fontaine au son d’une sono crépitante. On nous explique que c’est une danse traditionnelle réalisée tous les matins pour célébrer l’amour… La présence touristique n’aurait rien à voir avec ce folklore. Les portes de l’église en restauration sont déjà ouvertes. Le visiteur est invité à prendre part financièrement aux travaux.
Le soleil monte lentement dans le ciel. Il ne faut pas perdre de temps car le condor profite des premières heures du jours, lorsque la température grimpe et les courants d’airs variables, pour prendre de l’altitude et se laisser planer au dessus du précipice. Les minibus font des micro étapes dans les virages, le temps de prendre trois photos du paysage et écouter les arguments commerciaux des femmes qui vendent de l’artisanat. Les enfants ont revêtu les habits traditionnels et traînent derrière eux un lama. La bouche en cœur, ils se proposent de prendre la pause contre une petite monnaie. Par moment, le guide prend la parole. Il éclaircit quelques lanternes en espagnol, anglais et français. La légèreté de certains commentaires laisse dubitatif par moment. Très souvent, la civilisation Inca est limitée à un peuple sanguinaire pratiquant le sacrifice humain avec sa dose de sexe histoire d’émoustiller l’imagination des touristes. La collection été 2009 Quetchua est représentée dans son intégralité. Polaires, pantalons, chaussures de randonnée ainsi que sacs à dos ergonomiques sont présents dans toutes les tailles et tous les coloris. La multinationale Décathlon a un succès fou auprès des touristes européens (les nord américains préfèrent North Face).
On arrive à la croix du condor et les premiers volatiles passent devant les touristes agglutinés sur des terrasses construites à cet effet. Les objectifs crépitent, les caméras tournent en continue. Les merveilles de la nature par l’intermédiaire du 35mm.

Les lucioles du Machu Pichu

L’histoire se répète au pied du Machu Pichu. En utilisant un itinéraire B dans les bus péruviens (en opposition aux bus touristiques), on imaginait échapper à l’agglutinement touristique. De même quand on décide de faire les 200 derniers mètres d’ascension à pied à 4 heures du matin pour profiter du lever de soleil en haut.
C’est un cortège religieux et polyglotte qui avance silencieux. A bout de souffle, ils marchent à petit pas, le chemin éclairé par la frontale. Une course non déclaré se met en place. Les portes du site ouvrent à 6 heures, il ne faut pas perdre de temps. Tous jeunes et plein de vie, ils ont entendu dire que les 400 premiers entrants obtiennent le sésame pour grimper le Wayna Pichu, montagne qui domine les ruines (pour préserver ce site en péril, on a limité le nombre d’entrée). A peine, le billet contrôlé par la sécurité, ils démarrent un sprint jusqu’à la barrière de la montagne. Sur les terrasses Inca se forme une bousculade pour savoir qui arrivera le premier. Pendant quelques minutes on se croit dans la file d’attente de Space Mountain. La rencontre d’une civilisation ancestrale avec la population moderne est explosive et enlève les illusions de quelques uns qui avaient lu Neruda et Guevara pour se préparer à la visite.

Le Pérou est une mine de merveilles culturelles et naturelles qui en font rêver plus d’un. Le tourisme a un succès fou et on ne peut reprocher aux péruviens d’en profiter quand les occidentaux exploitent les autres richesses (minerai et agriculture) du pays sans soucis de redistribution. Le consumérisme dont est victime le tourisme laisse tout de même un goût amer. En est il d’une autre manière sur le champs de Mars au pied de la Tour Eiffel ?

photos: credits perso

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