mardi 24 mars 2009

Election Equateur 2009: Election: piège ...

Depuis le mardi 11 et jusqu'au 26 avril, l'Equateur est en campagne électorale. Présidentielle, provinciales et municipales sont à l'ordre du jour et les candidats se démènent comme des loups pour convaincre au delà de leur gueule d'ange.

Deux heures du matin, un jour de semaine à Guano, ceux qui ne l'ont pas encore fait se glissent dans les bras de Morphée. Une voiture traverse la ville, la musique à fond: "Votez pour Alarcon, Alarcon, Alarcon. Guano mérite le changement." Le candidat de la izquierda democratica n'épargne rien à ses possibles futurs électeurs. On se croirait revenu en 74 avec les chansons délicieuses de Giscard, Barre et cie. De même pour le candidat du Prian (parti nauséabond de l'homme le plus riche du pays Alvaro Noboa), qui depuis sa maison en plein centre de la ville passe en boucle depuis plus d'une semaine une chanson de 45 secondes de 8h du matin à 22h. L'ancien président et colonel Lucio Gutierrez ( responsable de la dollarisation et de la crise qui s'en est suivi) n'est pas en reste puisque un bus à son éffigie et à son poulain pour la mairie de Guano est stationé exactement là où les bus de Riobamba font étape. Sa petite musique joue des coudes avec celles des autres candidats (6 au total pour Guano) pour se faire entendre.
La clef du succès réside dans la présence. Ici on ne parle pas politique, ni débat, encore moins d'idées. Il faut se faire voir et être vu. La nuit tombée, les militants se mettent en action. Peinture, fresques, drapeaux, pancartes démesurées, la ville, le matin venu, est redécorée à l'effigie du candidat qui aura fourni le plus d'effort.
Certains citoyens prêtent leurs murs pour les pancartes car ici pas d'affichage officielle. Chaque candidat comme conseiller municipal a le droit à 8000 dollars pour en mettre plein la vue au citoyen. On aide l'ami de l'ami de l'ami pour qu'il accède au pouvoir. Légalement et officiellement, ces actions sont purement généreuse et on ne traite jamais d'argent entre gens éduqués mais cet homme qui a Guano à déposer les pancartes pour cinq partis différents sur un coin de sa maison doit avoir beaucoup d'amis ou bien des idées politiques des plus contradictoires.
On organise quand même quelques meetings, c'est une preuve que le candidat peut mobilisé autour de lui. Un bon test pour soi même et une démonstration pour les adversaires. On balance trois promesses dont personne ne se fait l'illusion qu'elles seront tenues puis on déclare et on répète son amour pour la ville, la province et son pays. On dit aux gens qu'ils sont beaux, qu'ils méritent autre chose que l'incompétent qui est actuellement en place (quand même sa femme le dit, c'est que ça doit être vrai). Quelques applaudissements, une paire de slogans et l'affaire est dans le sac.
Lorsque Oswaldo Estrada, l'incompétent au pouvoir, organise des réunions dans le canton, il invite la présidente du village, la présidente des parents d'élève, une représentante de la jeunesse. Chacune lui apporte son soutien et il sourit mais lorsque ces dernières demande l'installation d'un centre de santé, il a déjà tourné la tête, discute avec son voisin ou bien regarde sa montre. Tout se finit dans la joie et la bonne humeur, en chanson et un verre de liqueur à la main ( qui à la fin de la soirée se termine en ivresse généralisée).

Le 26 avril, les équatoriens devront choisir entre des incompétents au pouvoir et au bilan vierge et des démagogues souriant qui n'en feront pas plus. Et le principe du vote obligatoire ne leur donne même pas le choix de nier cette mascarade. Il faut opiner du chef bien gentiment et laisser la démocratie agir pour son bien.


photo: vérités graphique de mai 68

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