Le capitalisme actuel vit principalement deux crises: la crise financière qui touche les bourses et les marchés de cotations, et la crise de surproduction appelée aussi récession. Vendredi 7, Attac Risles Charentonne invitait Nicolas Béniès, économiste, pour évoquer cette situation. Le texte ci dessous reprend une partie de ses explications.
Les grands penseurs libéraux vous diront que la crise est naturelle, qu'elle fait partie intégrante du système. Le libéralisme est ponctué de vagues avec ses hauts et ses bas, des périodes d'essor économique et d'autres de surproduction.
Le premier choc pétrolier de 1974 vit l'apparition d'une nouvelle conception de l'économie. Jusque là, les périodes de crise se résolvaient grâce à des politiques de relance étatiques inspirées par John Maynard Keynes et le New Deal américain des années 30. L'Etat injectait d'importantes sommes sur le marché pour augmenter les salaires et relancer la consommation. L'augmentation du prix du pétroles permit à de nouveaux théoriciens de s'exprimer. Ces "experts" préconisèrent une hausse des profits des entreprises pour respecter le théorème de Schmidt: "Les profits d'aujourd'hui sont les investissements de demain et les emploi d'après demain". L'Etat devait se désengager des politiques économiques pour laisser faire le marché. Ce dernier s'auto régulant automatiquement. On passait d'une étude macro économique (au niveau d'un pays) à une étude micro économique (au niveau de l'entreprise).
En 1976, la France fut l'une des premières à appliquer cette théorie lorsque le premier ministre de l'époque mis en place le premier Plan Barre. Face à la baisse de la croissance, on privilégie la baisse de la masse salariale des entreprises. Cela peut se faire de manière directe (licenciements) mais aussi de manière indirecte via la baisse des charges sociales. L'Etat se délaisse d'une partie de ses recettes pour "soutenir" les entreprises. Des recettes en moins, c'est aussi des financements en moins pour les chantiers publics. En attendant que la crise passe, on mise sur l'endettement. Cela, malheureusement, ne fait que différer un phénomène incontournable tout en l'aggravant.
Le libéralisme étant un système vertueux, il est censé récompenser les esprits entreprenant qui osent se confronter au risque. Les décideurs en ont décidé autrement afin de préserver leurs deniers. Plutôt que d'assumer les conséquences d'une décision scabreuse, ils ont décider de "responsabiliser les salariés". Ces derniers, en contre partie d'une faible implication dans les décisions de l'entreprise, doivent assumer les choix et les conséquences de leurs dirigeants. Ils se flexibilisent au grès du cours de la bourse. On leur impose des objectifs irréalisables afin d'individualiser la main d'oeuvre. On déstructure la cohésion sociale ( affaiblissement des syndicats). On désigne dans le même temps des boucs émissaires (immigrés) pour que chacun trouve un coupable aux problème qu'il rencontre. Un mal être (maladies liées au travail, suicide...) se créé au niveau de l'entreprise.
On arrive aujourd'hui à une crise de confiance et du pouvoir d'achat obstacle à la consommation. Consommation: le sésame du libéral quand il s'agit de relancer la croissance.
photo: geolibertaire.org
1 commentaire:
Merci pour ce compte rendu. Je n'ai pu assister à cette soirée, mais déjà les rencontres de Serquigny en septembre avaient été l'occasion de mises au point salutaires. Quid de la crise écologique et du terrible pouvoir d'achat, devenu le slogan qui unit tous les partis politiques classiques, y compris les extrèmes?
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