lundi 2 juin 2008

Marcia Xavier: "Nos actions essayent de calmer le climat dramatique tout en encourageant la solidarité au sein de la communauté."


Second épisode de la série d'interview réalisées avec les "leaders" de quelques mouvements sociaux de Planaltina, ville en périphérie de Brasilia.

Marcia Rodrigues Xavier – “União e Luta” association des habitants de Buritis IV (quartier de Planaltina) :



Comment est né le mouvement « União e Luta »?

Nous sommes un groupe d’employés d’une clinique. Nous vivions à Ceilandia jusqu’en 2001. A cette époque, nous avons construit un projet pour que 15 familles déménagent à Planaltina. Finalement nous avons obtenus 24 terrains, mais lorsque nous sommes arrivés il n’y avait ni éclairage public, ni réseau d’égout, les routes n’avaient pas de bitumes et aucun magasins n’étaient installés à proximité. Nous avons du nous organiser pour améliorer la qualité de vie. Quelques uns d’entre nous ont fait du porte à porte pour rassembler les habitants et les inviter à nos réunions. Peu de temps après notre arrivée, le mouvement « União e Luta » était né.


Quelles méthodes avez vous utilisé pour atteindre vos objectifs ?

En premier lieu, nous avons fait un inventaire de nos besoins puis nous avons défini un agenda de travail avec les priorités. S’en sont suivi des campagnes de sensibilisation ainsi de nombreuses réunions d’information et de mobilisation. Nos premières actions n’ont reçu aucun soutien des autorités. Nous avons installé l’éclairage public en sortant l’argent de notre poche. C’est à ce moment que nous sommes allés voir les pouvoirs publics pour qu’ils se chargent d’assurer la sécurité. Buritis IV a ainsi pu être inclut dans le programme du gouvernement fédéral “Illumination pour tous”. La seconde victoire de l’association remonte à l’époque où le secrétariat des transports du District Fédéral (DF) a accepté de financer la couverture en asphalte du quartier. Cela fut accompagné d’un accord avec le CAESB [compagnie des eaux du DF] pour raccorder Buritis IV au réseau d’égout. Nous avons de nouveau financé ce projet avec nos propres deniers, chaque habitant s’engageant à payer vingt quatre reais par mois pendant deux ans. Au fil de nos actions, nous avons maintenu l’information entre les membres de l’association grâce à un petit journal expliquant les combats dans lesquels nous étions engagés ainsi que les victoires que nous avions obtenus. En août 2005, les pouvoirs publics ont voulu installer un centre de rétention pour les jeunes à moins de 500 mètres des premières habitations. Cela allait attirer les gangs et une vague de violence liée au trafic de drogue dans un quartier où les enfants jouent dans la rue. Trois jours durant nous avons manifesté sous les yeux de la presse. Le projet fut finalement déplacé dans une zone rurale, en périphérie de Planaltina. Dans un endroit plus adéquate pour ce genre de bâtiment.


Quel est le rôle d’une association comme la votre dans la ville de Planaltina?

Planaltina est l’une des villes les plus anciennes du DF mais elle n’a jamais pu profiter des programmes sociaux mis en place par les gouvernements successifs. Le caractère rural de la ville a retardé son développement urbain. Les pouvoirs publics produisent des programmes assistencialistes. Ils s’arrangent pour rendre les citoyens passifs. Ils donnent sans aucune contre partie. Cela fragilise l’estime que les personnes ont d’elles même. Avec “União e Luta” nous voulons aider les autres en créant une réaction populaire pour que l’habitant se tranforme en citoyen, qu’il s’investisse dans les projets de développement de la ville. Plusieurs projets communautaires et locaux ont vu le jour et c’est une nouveauté. Nous travaillons avec les autorités pour améliorer la qualité de vie à Planaltina. Il y a le projet de développement durable local (DELIS). La SEBRAE [NDR, secrétariat d’accompagnement des PME] s’occupe d’un forum du développement local qui rassemble les associations de travailleurs et d’artisans, la coopérative des femmes et l’agence du micro crédit. “União e Luta” est en train de se mobiliser pour obtenir la signalisation routière dans Buritis IV. Nous souhaitons installer des dos d’ânes dans les rues pour ralentir la vitesse des automobiles. Nous recensons déjà deux morts et quatre accidentés depuis le début de l’année. Nous avons d’ores et déjà rencontré le DETRAN [NDR, département des transports du DF] pour mettre fin à ce fléau qu’est la violence routière.


Vos action permettent elles de diminuer la violence à Planaltina?

Nous sommes confrontés à plusieurs types de violence. Il y a la violence des gangs, la violence routière et la violence psychique. La guerre des gangs a sévit a Planaltina jusqu’en 2006. En avril 2004, quatorze jeunes sont morts. En général 70% des jeunes de Planaltina n’atteignent pas la maturité. Ils sont victimes du trafic routier, des bagarres, des balles perdues, des attaques. Les femmes rencontrent d’autres problèmes. Elles tombent enceinte précossement ou bien elles deviennent veuves. Nos actions essayent de calmer le climat dramatique tout en encourageant la solidarité au sein de la communauté.



Quelles sont les relations de “União e Luta” avec les autres mouvements sociaux de Planaltina?

Nous avons quelques partenariats avec Radio Utopia, le centre de santé ou bien la “Fundamental” des catadores. Nous utilisons réciproquement les ressources des uns ou des autres. Nous devons créer et développer des relations stables entre chacun de nous pour améliorer la qualité de vie de la communauté.



Interview réalisée dans le cadre du projet communication communautaire.

Photo: crédit com com

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