mardi 10 juin 2008

Nina Laranjeira: "Le gouvernement local ne se préocupe pas de l'environnement"


Troisième épisode de la série d'interview réalisées à Planaltina, ville satellite de banlieue de Brasilia.

Nina Paula Laranjeira – Professeur à l’université de Planaltina et membre de la Fundamental ( association de catadores de Planaltina):



Comment a débuté le partenariat entre l’université de Planaltina et la Fundamental?

La Fundamental est une coopérative de catadores [personnes qui vivent du recyclage artisanal des ordures et qui convoient leurs chargement sur des remorques tirés par des chevaux, NDR] de Planaltina qui se trouve dans la communauté de la Horta [quartier de Planaltina, NDR]. Ils travaillaient déjà avec l’UnB et le ministère de l’environnement. Je suis arrivée à Planaltina en 2006 avec l’ouverture de la FUP [université de Planaltina, pôle décentralisé de l’UnB, NDR]. Je suis coordinatrice du département de gestion agraire. Nous avons commencé à travailler ensemble à partir du second semestre de 2007 avec la création d’un cours d’extension. Deux membres de l’association se sont joint à un groupe d’étudiant pour un programme d’éducation environnementale.


Quelles méthodes utilisz vous dans ce programme d’éducation environnementale?

Tout d’abord, nous travaillons avec les catadores pour que la sélection et le tri des déchets soient bien faits. Nous repérons les problèmes qu’ils rencontrent dans leur travail puis nous cherchons des solutions ensemble. Il existe une forte réciprocité dans les relations entre l’université et la communauté. Chacun profite de cet échange. La seconde phase de notre travail consiste à entrer dans les écoles pour sensibiliser les enfants grâce à un processus éducatif pour une meilleure gestion individuelle des déchets. Nous nous ciblons sur la jeunesse car elle représente la future génération. Nous incitons les élèves à collecter et à trier les détritus. C’est de l’éducation à la citoyenneté. Nous ouvrons de nouvelles perspectives à la jeunesse de Planaltina qui en possède peu. Nous sommes dans une ville rurale de 20 000 habitants. On ne retrouve pas le profil urbain des autres villes de banlieue de Brasilia, il n’y a pas d’emploi pour les jeunes. La cité a perdu son identité avec la croissance urbaine. Nous pouvons participer à la résolution de ce problème avec ce type d’action.


Êtes vous aidé par les autorités politiques?

Actuellement, la Fundamental se trouve dans la communauté de la Horta, un quartier écologique en périphérie de Planaltina, mais les conditions de travail sont précaires. Il n’y a pas de bitume sur la route, les cinq travailleurs circulent en charrettes tirées par des chevaux. La collecte s’en trouve particulièrement affectée. La météo provoque d’importants préjudices puisque quand il pleut, des déchets sont emportés par la pluie. Le gouvernement fédéral a accepté donner les ordures produites sur l’Esplanade des Ministères au CentCoop-DF (Centrale des Coopératives des Catadores de Matériaux Recyclables du District Fédéral) auquel nous sommes liés mais nous manquons de moyens de transport alors c’est assez difficile d’encourager les personnes à faire plus de 50 km. Nous avons obtenu un nouveau terrain à Vila Roriz [quartier de Planaltina] mais la bureaucratie administrative nous empêche de déménager car il manque toujours une énième signature. Le gouvernement local de José Roberto Arruda [Democratas, droite] n’a aucun intérêt envers l’environnement, il ne accorde donc pas l’ultime signature


Comment la communauté et les autres mouvements sociaux perçoivent ils l’action des catadores ?

Chaque association travaille dans son coin. Il est difficile de structurer des campagnes et d’organiser un mouvement commun. Certaines associations ont, pourtant, une conscience écologique. Les personnes sont disponibles pour promouvoir notre action. Nous travaillons pour inciter le collectif. Sans cette aide extérieure, la Fundamental ne pourrait pas survivre.

crédit photo: unb.br

Projet réalisé dans le cadre du Projet Comminication communautaire

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