Batista Oliveira – Radio Utopia (radio communautaire de Planaltina) :
Comment vous représentez vous Planaltina?
Je suis planaltinenze depuis 1988, au moment où ma fille est née. J’ai une vision différente des pionniers qui sont arrivés dans les années 50 pour la construction de Brasilia. Dans les années 80, les favelas ont été éradiquées du Plano Piloto et les populations ont déménagé vers la périphérie. Les villes rurales comme Planaltina ont reçu une partie de ces personnes pauvres sans être préparé à les accueillir. Il existe une grande diversité de personnes venues des quatre coins du Brésil. Aujourd’hui, Planaltina est toujours une ville rurale mais elle rencontre les problèmes sociaux d’une métropole.
Comment définiriez vous la violence à Planaltina?
Cela n’a rien de récent. Depuis la construction de Brasilia, ce phénomène existe. Dans les années 50, les hommes arrivaient seuls, en ayant laissé femmes et enfants dans leur Etat d’origine. Ils venaient ici pour trouver du travail et gagner de l’argent. Planaltina était une cité bucolique excentré de la proche banlieue. Elle fut utilisée comme un lieu de fêtes et de divertissement avec des bars et des prostituées. On y avait concentré toute la débauche possible sur une zone bohème. L’irrespect moral était très important. Planaltina porte encore les stigmates de cette période. Aujourd’hui on rencontre la violence à travers des gangs et du trafic de drogue qui agit en plein jour.
La violence est elle l’unique problème de Planaltina ?
Non. Avec la globalisation et la compétition mondiale créée par le libéralisme, nous rencontrons les mêmes problèmes dans toutes les banlieues du Brésil mais aussi en France. Nous sommes confrontés à la pauvreté et à la misère. Planaltina reste une petite ville qui ne peut pas subvenir à ses besoins toute seule. Les institutions sont insensibles aux problèmes que l’on rencontre. Cependant nous pouvons transcender ces difficultés en valorisant les initiatives locales issues de la communauté. Nous nous extrayons de la compétition mondiale. Il faut que nous soyons conscient que nous sommes tous dans le même bateau, cela implique que nous nous regroupions pour tirer le meilleur de chacun. L’expérience montre que ce sont les habitants qui font la différence.
Quel est le rôle de Radio Utopia dans ce regroupement des forces présentes?
Radio Utopia n’a pas pour objectif de lutter avec les mass médias. Nous ne sommes pas ici pour concurrencer Globo mais pour donner la parole aux personnes et aux initiatives qui ne sont pas écoutées ni relayées par ce type de média. Nous aidons les mouvements sociaux qui ont besoin en faisant la promotion de leurs activités. Nous travaillons pour la communauté pour que la solidarité entre les membres ne soit pas oubliée. Par exemple, nous faisons la promotion de la « Via Sagrada » qui organise un spectacle sur la passion du christ pendant la semaine sainte. C’est devenu en peu de temps l’une des plus grosses manifestations catholique du Brésil. Ils ont utilisé la paroisse comme base populaire puis ils ont transformé les faiblesses d’une ville de banlieue en rassemblant les forces présentes pour maintenir un travail extraordinaire. Les répétitions ont attiré de plus en plus de monde. En grandissant ils ont amélioré les conditions de vie de la communauté.
L’exemple de “União e Luta”, l’association des habitants de Buritis IV [quartier de Planaltina, NDR] est le même. Les gens se sont installés dans un quartier sans aucune urbanisation. Il n’y avait ni éclairage public, ni asphalte, ni égout. Leur travail leur a permit d’obtenir les bases d’une vie digne. Les politiques ont cédés face au travail et à la pression de l’association et de ses membres. Rien n’est plus concret que les rêves !
Le travail des catadores [collecteurs de déchets, NDR] avec la « Fundamental » est très important. Ils transforment un joli discours en action concrète. Les répercussions sont doubles. Ils recyclent les déchets de la ville et améliorent leurs conditions financières en les vendant à des centrales. La ville bénéficie aussi de cette action puisqu’ils enlèvent les déchets que l’on trouve en ville. Nous faisons la promotion de ces activités car elles profitent à la communauté et aucun média n’y prête attention.
Interview réalisé dans le cadre du projet Communication Communautaire
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