mardi 16 octobre 2007

Profession Reporter


Cinquième épisode du feuilleton sur les médias brésiliens: J'élargie le sujet restreind de la Tv pour parler du métier de journaliste au Brésil.

"Le journalisme est un metier mortel, on risque sa vie en le pratiquant." La phrase ne vient pas d'un enfant de 15 ans émerveillé par le livre de Christian Chesnot et Georges Malbrunot, mais de Zelia Leal, ancienne journaliste et professeur de journalisme à l'université de Brasilia (UNB)... Alors que plus de la moitié des journalistes dans le monde restent vissés toute la journée sur leur fauteuil à regarder l'activité plus ou moins nerveuse du fil AFP (pratique que je réprouve mais qui est vraie, exemples vécu sur demande), le journalisme n'est pas le métier à risque que certains laissent croire. Une très petite minorité s'aventure dans les zones dangeureuses, le reste pratique son métier comme d'autres sont juges ou professeurs...
Je suis étonné que l'on puisse donné cette vision du journalisme à de futurs professionels. La désilusion risque d'être grande, le jour où ils rentreront sur le marché du travail. Ainsi va le journalisme dans ce pays. On ne fonctionne qu'à grand coup de sensationalisme, d'exclusivité, et d'audience maximum.
Sans entrer trop en profondeur dans le sujet, la sociologie des professions distingue deux type de métiers: les professions et les occupations. La profession est encadrée par des codes stricts de pratique, de diplome. Elle est dirigée par un ordre ou une autre instance dirigeante. En France, les avocats, les médecins, les sages femmes sont des professions. Les occupations regroupent tous les autres corps de métiers qui ne sont pas régulés. Le journalisme est donc une occupation. C'est ce qui permet d'avoir une diversité de parcours, certains ont tout juste le bac et ont profité de l'essor des radios libres, d'autres ont un doctorat. Les styles d'écritures et les pratiques diffèrent. "Unis dans la diversité" comme certains diraient (!).
Au Brésil, le journalisme est une profession. Seul un certain nombre de diplômes des universités sont reconnus et ce dernier est une clef obligatoire pour obtenir le droit de pratiquer. Pour exemple, bien que diplômé de journalisme en France, il me serait impossible de trouver un emploi en tant de journaliste ici.
Cette profession bénéficie d'une sorte de convention collective qui place le salaire minimum à 1000 R$ (400 euros) mais très souvent les salaires sont bien plus élevé. Certains cas sont même hallucinants: un ancien étudiant de l'UNB du genre doué est aujourd'hui, 5 ans après son diplôme doté de la coquette somme de 40 000 R$ par mois (plus de 10 000 euros)... Son employeur est le plus gros magazine du pays: Veja, journal d'information général aux penchants conservateurs et libéraux très accentués. La presse brésilienne est calqué sur son pays: à deux vitesses avec des écarts impressionants. Cet exemple est aussi symptomatique d'une autre réalité des médias brésiliens: une concurence exacerbée qui pousse chaque médias à piquer ce que l'autre a de bien: programmes, rubriques, maquettes, journalistes...
Le journaliste de base n'a pas énormément de pouvoir. Subordoné par une hierarchie impressionante (3 à 4 personne avant le rédacteur en chef), tous ces choix doivent être avalisés par son supérieur. On comprend le poids des dirigeants dans le paysage médiatique brésilien. A la Tv on commence en tant que "editor", on s'applique a réaliser des interviews pour un reporter qui ecrira le commentaire et fera le plateau. Le montage est fait par une autre personne, les deux rédacteurs sont déjà écarté du processus. Aucune coordinatination! Puis le redacteur en chef donne son avis avant la décision tout en sachant que le présentateur et le directeur sont suceptibles de débarquer à tout moment et de retourner ce qui vient d'être fait...

Quand je regarde le journalisme brésilien avec mon regard occidental, j'ai l'impression que l'on marche sur la tête. La France n'est pas ce que l'on fait de mieux mais je me rend compte que le Brésil est très loin derriere.

Aucun commentaire: