mardi 9 juin 2009

Auto stop sur les planches

Equatorien maniant la langue de Molière, Carlos Gallego, clown de son état, s'aventure sur les routes du monde entier à la rencontre du public. Il présentait sa pièce, Plush, à Guano et à Riobamba fin mai.

Depuis 2002, Carlos Gallegos alias Cacho, sillonne la planète en présentant ses spectacles de clown. En 7 mois il a fait le tour du monde posant le pied sur 5 continents et provoquant des éclats de rire dans 15 pays.

Plush, son alter ego sur scène, une moustache en guise de nez rouge, est aussi un artiste voyageur. Muet, il part sur les routes à la recherche du succès et de l’âme sœur.

Mais la fortune de Plush est un peu plus précaire que celle de Cacho. Si Carlos Gallegos est aujourd’hui installé à Cuenca, Plush vit dans une tente plantée dans la boue au milieu des cochons. C’est là qu’il fomente ses rêves de voyages et « d’îles paradisiaques où tout est possible à l’exception de la solitude. »

Décidé à en finir avec les cochons, il lace ses chaussures et part sur les routes en directions des palmiers. La lettre d’une amante le guide dans son périple. C’est sur là bas, son spectacle rencontrera un public compréhensif et l’argent (nerf de la guerre pour tous) s’accumulera. Plush tend donc le pouce, tout comme Cacho il y a quelques années, lorsqu’il partit de Paris vers l’Espagne en stop. Sur l’autoroute du soleil, les automobilistes sont des brutes, ils roulent comme des dingues et ignorent Plush, ce piéton parasite au milieu de la quatre voies. Les mêmes péripéties que Cacho entre Bilbao et Valence. Ne sachant pas que le stop est formellement interdit en Espagne, son pouce fut pris de crampes à de nombreuses reprises en attendant en vain un chauffeur. « Le clown échoue dans tout ce qu'il entreprend, c'est ça qui le rend drôle » explique Cacho. Et il revient sur ce jour sur les routes ibériques où sa compagne continue à faire du stop pendant qu'il s'accordent quelques mètres en retrait pour se soulager. Un routier charmé s'arrête mais lorsqu'il s'aperçoit que la jeune femme n'est pas seule, il lance « Pas assez de place! » et reprend la route laissant les auto stoppeurs en plan.

Le voila arrivé. Il tombe la tente qu’il porte sur le dos et enfile la veste de clown. Que le spectacle commence et en avant la musique ! Les espoirs d’exils ne se concrétisent pas toujours. Malgré les prières répétées, Plush ne récoltent que pas les billets nécessaires que sa Juliette lui demandait en guise de dot. Encore et toujours l'échec pour décrisper les zygomatiques. Il revient sur ce jour dans un service pédiatrique d'un hôpital.

"J'arrive en retard et pendant que je me prépare en vitesse on me donne deux consignes: « Premièrement tu ne te roules pas sur le sol pour ne pas transporter de bactéries d'une chambre à une autre. Deuxièmement tu ne parles pas de la maladie ni de la mort, les enfants ont besoin de penser à autre chose. » « Je rentre dans la première chambre et là un enfant m'attend avec les mains en forme de pistolet: « Pan!Pan t'es mort le clown! » De manière instinctive je m'écroule raide mort sur le sol... »

L'échec économique entraînant l'échec sentimental, Plush s'effondre épuisé et désespéré et Morphée vient le bercer. Le voilà parti dans une croisière de songes. Un nouveau voyage qu'il entreprend en compagnie des esprits nocturnes qui le console. Cacho mène tout de même une vie un peu plus tranquile que son alter ego scénique puisque depuis deux ans il est installé à Cuenca où il vit avec sa compagne française en attendant que la famille s'agrandisse.

Petit à petit le rideau tombe sur Plush, le rêve prend fin et on le retrouve dans sa tente au milieu des cochons. Tout ceci n'était qu'un songe lors d'une nuit d'été. Le public est émerveillé.




credit photo: perso

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