On ne peut faire de comparaison empirique de ce qui c'est passé à Recife (3ème carnaval brésilien pour son importance) l'an dernier et ce que j'ai pu constaté cette année à Palora, petite ville reculée de l'Amazonie Equatorienne. L'occasion de faire la fête est identique mais les pratiques diffèrent.
En Equateur, le carnaval est un défouloir pour les adolescents et tous ceux qui se sentent une âme d'enfant et de guerrier. Le jeu consiste a salir son voisin jusqu'à ce qu'il deviennent tellement repoussant que les grands mères changent de trotoir lorsqu'elles le croisent. Pour cela tout bon carnavaleiro doit se doter:
- d'une Carioca: Cette bombe d'air comprimé dégage une mousse colorée que l'on étale à souhait sur les vètements. Certaines salissent, d'autres piquent les yeux lors d'un contact direct cependant cela reste l'arme la plus pacifique. Elle est aussi la plus couteuse (2 à 3 dollars la bombe). Notons que le nom est totalement usurpé car rien de cela n'existe ni à Rio ni au Brésil
- de bombe à eau: Les robinets coulent à flots pendant les 4 jours de carnaval quite à ce que l'eau manque dans les jours qui suivent. On remplit de petits ballons de baudruche et avec un peu d'agilité le jet peut faire mouche et détremper completement le passant. La préparation est fastidieuse et certains emploient les méthodes plus barbares. A bord de leur camion, ils vont remplir de pleines bassines dans la rivière puis roulant à tombeau ouvert dans des rues envahies par la foule, ils déversent de véritables trombes d'eau sur les malheureux qui sont encore à portée de tir.
- Les oeufs et la farine: Le matériel de l'homme du carnaval est adapté à une crèpe party mais ici point de caramel au beurre salé. A 15 contre un avec si possible un adversaire de sexe féminin, les ados se livrent une bataille sans merci. C'est à celui qui aura le T-shirt qui tiendra tout seul à la fin de la soirée. On attaque par derrière et on brise des coquilles d'oeufs sur le crane avant de saupoudrer de farine pour obtenir une pâte compacte.
Dans certaines villes, où a barbarie ne connait pas de limite, certains vont jusqu'à utiliser de la peinture tandis qu'à Ambato (ville situé entre Quito et Riobamba) la municipalité a interdit l'usage de l'eau pour éviter les accidents que l'on constate tous les ans.
En marge de cette grande bataille se déroule des défilés de danses traditionnelles réalisées par les différentes écoles ou d'autres institutions. On est loin du faste de Recife ou de Rio avec des chars de cinq étages mais on y croise toutes les sensibilités culturelles de la ville. De plus en plus les organisateurs tendent vers la valorisation de la culture locale via les défilés. Les cultures indigènes sont particulièrement mises à contributions pour donner de la valeur ajouté et faire venir les touristes.
photo: credit DB, Après la bataille